Alors que la plupart des indicateurs font apparaître une situation qui frise le plein emploi dans le secteur IT, le chômage n'épargne pas les informaticiens pour autant. Dans sa dernière note sur les tensions du marché du travail observées au cours du premier trimestre 2008, la Direction de l'animation de la recherche, des études et des statistiques (Dares, Ministère du Travail), montre en effet qu'il y a moins d'offres d'emploi que de demandes dans l'informatique. Ainsi, le ratio du flux d'offres d'emploi sur le flux de demandes d'emploi était de 0.85 au cours des trois premiers mois de l'année (en baisse de 4.7% par rapport au trimestre précédent mais en hausse de 8.6% par rapport à l'année précédente). Cela signifie que, pour un informaticien enregistré comme demandeur d'emploi à l'ANPE au cours de ce trimestre, il y a moins d'une offre d'emploi déposée pendant la même période. La Darès relève toujours de fortes inégalités selon les fonctions dans la filière IT. Ainsi, chez les ingénieurs, le rapport est de 1,28 offre par demandeur d'emploi (en forte baisse de 7.9% par rapport au trimestre précédent), alors que pour les techniciens, le ratio s'établit seulement à 0,63 offre pour un demandeur d'emploi. La diminution des effectifs étonne le Munci Le Munci, association réunissant des professions informatiques et télécoms (IT), a épluché la dernière étude Darès et s'est étonné, par ailleurs, d'une forte diminution du volume global des effectifs d'informaticiens en France (salariés + demandeurs d'emplois, hors administrations) : « L'effectif était de 469 000 informaticiens en 2007, soit une diminution très surprenante de 32 000 par rapport à l'effectif fin 2006, et même de 35 000 par rapport à l'étude du 4ème trimestre 2007 », s'étonne Régis Granarolo, président du Munci. Une telle évolution se situe totalement à contre-courant de la tendance positive que connaît l'emploi informatique depuis quelques années, et notamment de la baisse du chômage des informaticiens observée sur l'année 2007. » Le fondateur du Munci suggère trois explications : le manque de fiabilité de l'enquête Emploi réalisée par sondage (« pour une population de 500 000 personnes, cela représente environ 1 100 questionnaires, donc une variation de 35 000 personnes », note-t-il), une forte régression de l'emploi informatique dans les entreprises utilisatrices (transferts d'emplois du fait du recours croissant à la sous-traitance et à l'externalisation...), ou bien encore un chiffre de 501 000 informaticiens qui aurait été surévalué par l'Insee jusqu'en 2007. « L'explication la plus plausible est probablement... un mélange des trois », conclut Régis Granarolo.