Moins de 50% des petites SSII françaises auraient un moral « moyen », alors  que cet état intermédiaire concernait les deux tiers des répondants début 2009. C'est au final le principal enseignement de l'enquête de conjoncture que mène chaque trimestre le syndicat professionnel 3SCI, qui rassemble 350 petites et moyennes SSII.

Historiquement, cette association est née pour être le porte-parole des TPE des TIC, le Syntec Informatique ayant selon lui le rôle de représentant des moyennes et grandes SSII. Quoi qu'il en soit, le baromètre trimestriel du 3SCI confirme le ressenti des acteurs de la filière : l'amélioration concerne plus le moral des chefs d'entreprise du secteur que le chiffre d'affaires ou les carnets de commandes.

Les résultats de l'enquête indiquent qu'ils n'attendent aucune amélioration sensible en 2010, ce que l'on pouvait supposer. Ce qui peut paraître plus surprenant, c'est qu'ils estiment que l'année 2011 sera encore moins bonne : 73% des répondants s'attendent à un crû 2011 « moyen », « mauvais » ou « très mauvais ». La fameuse « sortie de crise » n'est en fait envisagée qu'à l'horizon 2012 : ce n'est que pour cet exercice que les optimistes redeviennent majoritaires (53% prédisent une « bonne » ou une « très bonne » année).

La visibilité reste faible


Tous les chiffres de cette enquête conduisent à un autre constat fort : la visibilité des chefs d'entreprise ne s'est pas améliorée par rapport à l'an dernier, alors que c'est leur premier critère pour investir et embaucher. L'extrême prudence des « clients finals » se répercute logiquement sur l'ensemble de la chaîne. 63% des petites SSII estiment que leurs problèmes de trésorerie sont d'abord liés au rallongement des délais de paiement chez leurs clients. « La Loi de Modernisation de l'Economie entrée en vigueur début 2009 part d'un bon sentiment, mais force est de constater qu'elle n'a pas eu d'effet sur les délais de paiement, qui restent guidés par le rapport de force entre les donneurs d'ordres et les prestataires », analyse Olivier Bouderand, Secrétaire Général du 3SCI.

Autrement dit, la nouvelle réglementation ne permet pas aux petites SSII de faire davantage pression sur leurs grands clients, sauf à entamer des procédures coûteuses et à prendre le risque de les perdre définitivement. Cela reste le principal point d'achoppement car, pour le reste, les relations commerciales interentreprises demeurent inchangées, notamment en ce qui concerne les encours.

« Il est également difficile pour nous d'avoir un commentaire global sur ces chiffres, car on identifie clairement trois groupes dont les points de vue sont très différents : un tiers considèrent qu'ils ont passé la sortie de crise, un tiers que la crise est toujours là et un autre tiers que la situation va se dégrader », conclut Olivier Bouderand.