Pour Airbus, le calcul intensif est une activité stratégique, car il constitue un facteur décisif pour la simulation nécessaire à la conception des avions. Pour améliorer ses capacités en HPC (high-performance computing), Airbus a travaillé avec HP et EDF Optimal Solution, une filiale du groupe EDF spécialisée dans les questions d'éco-énergie, pour déployer en 2011 deux datacenters en conteneur (POD ou Performance Optimized datacenter) sur son site de Toulouse. Le constructeur aéronautique a également installé un de ces POD à Hambourg en 2010. Ces conteneurs sont utilisés par la division ingénierie d'Airbus dont les méthodes de travail nécessitent des puissances de calcul considérables pour concevoir et tester les avions. Grâce à ces installations dédiées au calcul intensif, Airbus revendique la 29e place au niveau mondial, selon le Top 500 officiel des supercalculateurs publié en juin 2011. 

La division «  Flight Physics  » du constructeur aéronautique utilise du calcul intensif depuis 1994 pour réaliser des simulations aérodynamiques et aérolastiques. La puissance de traitement des machines a augmenté de façon exponentielle depuis lors et celles-ci dont devenues indispensable au développement des appareils. Pour Eric Chaput, responsable des outils et méthodes du département Flight Physics chez Airbus, l'utilisation de POD a permis de réduire graduellement le nombre d'essais intensifs en soufflerie et de diminuer à la fois le temps et les coûts.

Une consommation de 500 kWh par heure

À Toulouse, les deux POD disposent d'une puissance de 300 téraflops. À Hambourg, celle-ci s'élève à 200 téraflops. Ces conteneurs contiennent tous les éléments d'un datacenter traditionnel  - serveurs, stockage, réseau, ainsi que des systèmes intégrés d'alimentation électrique et de refroidissement - mais dans une boite rectangulaire de 12 mètres de long. Dans la ville rose, l'alimentation et le branchement électrique sont gérés par HP, en partenariat avec EDF. En Allemagne, c'est Airbus qui en a la charge, avec des partenaires locaux. Les deux conteneurs du site toulousain sont directement reliés au LAN de l'avionneur pour éviter les risques de latence du réseau. Airbus a également précisé qu'ils seraient appelés à s'étendre, si nécessaire. 

Les deux conteneurs rassemblent un total de 2 016 serveurs lames Proliant BL280 G6 configurés en grappe, ce qui permet de fournir, selon HP, des capacités équivalentes à celles d'un centre de calcul  d'une surface proche de 1 000 mètres carrés. Les deux POD peuvent former jusqu'à 1 600 noeuds de calcul, soit 12 coeurs par noeud, ce qui correspond à 5 400 disques durs environ par conteneur.   Les POD de HP sont hébergés dans une structure climatisée, fonctionnant 24 heures sur 24 et consomment environ 500 kilowatts par heure. Cela peut sembler élevé, mais comme l'a fait remarquer Marc Morere, responsable des projets et architectures IT chez Airbus, ces conteneurs consomment beaucoup moins qu'une structure en « brick and mortar ».  « Un datacenter traditionnel équivalent à nos POD toulousains requiert environ 1,8  mégawatt par heure en termes d'électricité pour pouvoir fonctionner, dont seulement un mégawatt pour alimenter les machines  », a-t-il indiqué. «  Le pourcentage restant peut par exemple servir à fournir l'air conditionné ou à charger les batteries de secours  », a-t-il ajouté.

À Toulouse, les POD consomment 250 kilowatts par heure d'électricité de secours  ». D'après Airbus, l'installation de ces deux conteneurs  a diminué par 10 la consommation électrique sur cinq ans, tout en doublant la puissance de traitement. Profitant d'un ratio d'efficacité énergétique (PUE) de 1,25. Airbus indique avoir réduit ses coûts d'exploitation tout en disposant d'une puissance de plus de 15 KW/m2. HP a fourni les services de gestion des datacenters et a géré leur transport depuis l'usine européenne d'Erskine en Écosse,  de même que leur déploiement et leur  mise en service.