Après ses puces Opteron 6200, AMD s'attaque au segment des serveurs d'entrée de gamme avec ses processeurs de la série 3200. Avec cette plate-forme, la firme de Sunnyvale espère reprendre un avantage concurrentiel sur son éternel adversaire, Intel, dans le marché des serveurs cloud.

Les trois Opteron 3200 dévoilés se destinent aux serveurs mono-socket, particulièrement appréciés par les fournisseurs d'applications cloud et les hébergeurs de solutions web, selon une présentation de la société. Ces puces possèdent jusqu'à huit coeurs, avec une vitesse d'horloge allant jusqu'à 3 GHz, et consomment de 45 à  65 watts.

Des coeurs à bas coût

Ces processeurs reposent sur l'architecture processeur Bulldozer, inaugurée par les Opteron 6200, dotés eux de 16 coeurs, et les puces pour PC de bureau de la série FX, avec huit coeurs max. Le lancement de ces Opteron 3200 intervient quelques semaines après l'annonce par AMD du rachat de la société SeaMicro pour un montant de 334 millions de dollars. Cette start-up s'était spécialisée dans la fourniture de serveurs ultradenses et économes en énergie pour les environnements de type cloud computing. Selon les analystes, les puces d'AMD vont probablement se substituer aux processeurs Intel Xeon série E3 utilisés dans le serveur SeaMicro SM10000-XE. Intel a travaillé avec SeaMicro sur le serveur, mais AMD va imposer ses propres composants pour relancer ces serveurs d'un nouveau genre.

AMD positionne son Opteron 3200 comme un produit au "bas coût par coeur". Les puces sont vendues entre 99 et 129 dollars aux États-Unis, alors que les processeurs Intel Xeon E3 sont proposés entre 189  et 885 dollars. MSI, Tyan, Fujitsu et Dell devraient lancer des serveurs web et les systèmes denses basés sur les puces AMD.



Explorer de nouveaux marchés

En élargissant sa ligne de produits, AMD arrive sur de nouveaux marchés, a indiqué Jim McGregor, analyste chez In-Stat. Mais si on mesure la concurrence sur les prix par rapport à la consommation par watt, l'Opteron 3200 n'est peut-être pas si bien équipé pour entrer sur ce marché, a précisé M. McGregor.  Il y a un intérêt croissant pour le déploiement de serveurs de faible puissance dans les centres de calcul  afin de réduire les coûts en énergie, mais les puces Opteron 3200 sont relativement gourmandes en énergie pour de telles installations.

Une meilleure adéquation serait l'utilisation des coeurs basse consommation AMD Bobcat, destinés aux ultraportables et aux netbooks, a poursuivi l'analyste. Mais pour proposer des fonctions indispensables sur le marché des serveurs comme la mémoire ECC et une meilleure protection des données, AMD a été obligée de pousser les coeurs plus imposants des Opteron. La firme de Sunnyvale n'a pas vraiment conçu de puces basse consommation pour serveurs.

Qui plus est la stratégie d'AMD avec SeaMicro n'est pas très claire. L'entreprise doit agir rapidement pour établir une présence sur le marché, a déclaré M. McGregor. La société est confrontée aux défis d'Intel, qui a une longueur d'avance dans la conception et la fabrication de processeurs, mais aussi d'ARM, dont les puces sont bientôt attendues dans les serveurs. Les puces d'Intel Atom basse consommation sont déjà utilisées dans les serveurs, et Hewlett-Packard a commencé à tester des machines très denses à base d'ARM.