Jean-Michel Aulas est un homme satisfait. Le PDG de Cegid a vu son entreprise fêter sa trentième année d'existence avec des résultats financiers solides compte tenu du climat économique difficile. Le chiffre d'affaires 2013 ressort à 259,9 millions d'euros soit une très légère hausse de 0,7% par rapport au 258,1 millions d'euros de 2012. « La croissance est peu forte, mais elle s'explique par le changement de stratégie de la société », explique Jean-Michel Aulas. Ce dernier parle de l'orientation prise il y a quelques années par Cegid de ne « plus être un éditeur de progiciel pour devenir un fournisseur de services web », résume le dirigeant.

Et cette orientation SaaS s'avère payante avec un revenu issu du mode SaaS en progression de 41,6% à 38 millions d'euros. Patrick Bertrand, directeur général de Cegid, constate que l'éditeur vend aujourd'hui plus de contrats SaaS que de licences traditionnelles (34 millions d'euros de revenus). Parmi les professions qui adhèrent à ce modèle, la moitié des revenus SaaS sont issus des métiers comptables, et un quart des responsables paie et RH. D'autres domaines sont en phase de changement comme le secteur de la fiscalité et de la distribution, mais il y a encore certaines problématiques à résoudre comme « les implantations internationales pour fournir un service global », confie Patrick Bertrand. Le développement à l'international est donc une des priorités du groupe, notamment pour accompagner le secteur de la distribution et les industriels. A terme, Jean Michel Aulas pense que d'ici 5 ans, la moitié du parc client aura basculé sur une offre SaaS.

Intégrer de plus en plus mobilité, BI et cloud dans les produits


Autre avantage du SaaS, Cegid peut compter sur un stock de contrats qui progresse en 2013 pour atteindre 66 millions d'euros au 1er janvier 2014. Interrogé sur les freins des entreprises à l'adoption du SaaS, Patrick Bertrand souligne que « les TPE et certaines PME ont vite compris l'intérêt du modèle. Par contre sur les groupes disposant d'une compétence SI, il y a des choix à prendre notamment sur la création d'un cloud interne. Cependant, les DSI et les directions métiers constatent qu'ils ont des compétences limitées pour garantir le même niveau de SLA que nous apportons avec nos offres SaaS ». Il admet qu'aujourd'hui « beaucoup de questions sont posées sur les clauses de réversibilité dans les contrats SaaS ».

Parmi les autres agrégats financiers, le résultat net progresse fortement (+48,9%) à 18,8 millions d'euros. La trésorerie est saine avec une hausse de plus de 30% du cash-flow opérationnel. Par ailleurs, le conseil d'administration de Cegid a proposé le paiement d'un dividende de 1,10 euros par action.

A travers ces résultats, Jean-Michel Aulas trouve son entreprise « en bonne forme physique pour challenger les concurrents » en osant même la comparer à « un CanalSat des services web » avec comme socle le concept Mobiclo, qui regroupe la mobilité, la business intelligence et le cloud. « Tous les produits de Cegid devront à terme intégrer ces composantes », affirme Patrick Bertrand en fixant les orientations des travaux des centres R&D du groupe. Interrogé sur la possibilité de croissance externe, le directeur général remarque qu'« il n'y a pas beaucoup de groupes européens de taille moyenne sur le marché avec un CA de 50 à 60 millions d'euros pour acquérir une base installée et recruter des talents ».