Selon l'agence Reuters, Apple a mis sur pied, aux États-Unis pour le moment, une force de vente ciblant spécifiquement les entreprises et qui travaillera en étroite collaboration avec une douzaine de développeurs. L'information a été donnée à l'agence de presse par des sources proches du dossier. Elle illustre le redoublement d'efforts du constructeur pour gagner des parts de marché dans le champ de la mobilité en entreprise. L'initiative d'Apple fait suite à un accord passé avec IBM en juillet dernier. Il prévoit une collaboration entre les deux groupes dans le but de créer des applications spécifiquement destinées aux organisations.

Son partenariat avec big blue donne à Apple le soutien et les ressources nécessaires pour concurrencer des poids lourds de l'informatique professionnelle tels que Dell, HP et Oracle. Le mouvement stratégique de la firme de Cupertino intervient alors que Microsoft a décidé de proposer gratuitement sa suite bureautique Office sur iOS et Android. L'éditeur augmente ainsi le potentiel d'expansion de ses outils de productivité sur smartphones et tablettes. Il veut ainsi se relancer sur le marché de la mobilité où il accumule les retards et vient se frotter dans le même temps plus sérieusement à Apple, notamment.

La prospection des clients a déjà commencé

D'après l'article de Reuters, Apple travaille également en étroite collaboration avec des start-up telles que ServiceMax et PlanGrid. La première commercialise déjà des applications mobiles de gestion de flottes auprès des entreprises, la seconde se focalise sur des logiciels destinés aux travailleurs du bâtiment. Ces collaborations n'ont pas encore débouché sur des réalisations concrètes dans des entreprises mais la force de vente créée par Apple a déjà commencé à rencontrer les directions de grands groupes. Ces rencontres ont notamment eu lieu lors de dîners co-organisés par Apple et ServiceMax et réunissant à chaque fois de 20 à 30 dirigeants. Ces efforts pourraient commencer à payer prochainement puisque la banque Citigroup serait en discussion pour déployer des applications déjà disponibles.

Contactés par Reuters, ni Apple ni PlanGrid, n'ont souhaité faire de commentaire sur les informations relayées par l'agence de presse. Stacey Epstein, la responsable marketing de ServiceMax a indiqué quant à elle que 95% des clients de sa société utilisent des matériels Apple et que chaque nouveau client commande des milliers d'iPhone ou d'iPad. « Le marché des services sur site représente à lui seul un potentiel de 15 Md$, indique-t-elle. C'est une opportunité de croissance énorme pour Apple. »

Compenser la baisse des ventes d'iPad

De son côté, l'accord passé par Apple avec IBM devrait permettre la création de centaines d'applications et de services exclusivement pour iOS. Il prévoit en outre que big blue vende des iPhone et des iPad à ses clients. Ce partenariat reflète la volonté d'Apple d'implanter iOS plus profondément dans les entreprises mais aussi le souhait d'IBM de mieux se positionner sur le marché de la mobilité. Bien qu'Apple n'ait pas donné beaucoup de détails sur les termes de sa collaboration avec big blue, son CEO, Tim Cook, indiquait en octobre dernier qu'elle « donnerait naissance à une nouvelle génération d'applications mobiles pour les entreprises, conçues pour être utilisées sur nos produits et appuyées par les services cloud et les solutions d'analyses de données d'IBM. » Le dirigeant a également ajouté que les premières applications issues de l'accord seront disponibles en novembre. Elles s'adresseront notamment aux secteurs de la banque, de l'assurance, de la distribution, des voyages, du transport et des télécoms.

Selon certains analystes, la poussé d'Apple dans le monde de l'entreprise pourrait être une façon de compenser la baisse des ventes d'iPad. Le fabricant veut en tous cas clairement faire des entreprises un autre moteur de la croissance des ventes de matériels sous iOS. Toutefois, la façon dont il va procéder reste encore confuse. « Cela fait sens mais le diable est dans les détails, estime John Rymer, analyste chez Forrester Research. Les applications doivent fonctionner et présenter aussi un avantage économique pour les entreprises. Est-ce qu'Apple et ses partenaires peuvent produire des solutions qui font sens pour un nombre suffisant de clients à des coûts inférieurs à ceux qu'ils devraient supporter s'ils les développaient seuls ? »