Groupon a déposé jeudi dernier les documents nécessaires à son entrée en bourse, grâce à laquelle la société compte lever 750 millions de dollars. Groupon, dont l'activité consiste à vendre en ligne des coupons de réduction pour des commerces locaux, a vu ses revenus augmenter rapidement l'an dernier et atteindre 645 millions de dollars au premier trimestre 2011. Active dans 43 pays, la jeune entreprise compte plus de 80 millions de clients et emploie 7000 collaborateurs. Durant le premier trimestre, la société a cependant fait 114 millions de dollars de pertes. Bien que Google ait proposé six milliards pour racheter l'entreprise - ce qu'elle a refusé - la hauteur de ses pertes ne manque pas de soulever des critiques quant au modèle d'affaires de Groupon.

Le modèle d'affaires... Groupon se positionne en tant qu'intermédiaire spécialisé dans les bons de réduction de groupe. Les commerces locaux peuvent proposer de tels coupons à la vente sur le site de Groupon pour attirer de la clientèle. La firme fait figurer ces rabais dans ses offres du jour, affichées selon la localisation de l'internaute. Lorsqu'un bon est vendu, le commerce partage les revenus avec Groupon. Les clients obtiennent quant à eux des réductions largement supérieures aux montants qu'ils déboursent.

... sous le feu de la critique La première critique concerne les coûts marketing de Groupon. En effet, pour acquérir de nouveaux commerces publiant des coupons, Groupon dépense massivement. C'est l'une des raisons de ses pertes et beaucoup pensent que ces frais ne vont pas se réduire avec la croissance de la société. Car, seconde critique, les commerces ayant publié des coupons ne seraient pas si satisfaits et hésiteraient à recommencer. D'une part parce que les offres spéciales sont utilisées par les clients usuels (prêts à payer le prix fort) ou attirent une clientèle sans intérêt. D'autre part, parce que pour être attractifs, les rabais sont trop élevés pour être viables sur la durée - un  argument que certains rejettent pour les commerces dont les coûts marginaux sont réduits (salle de fitness par exemple). Par ailleurs, les clients ont tendance à se méfier de certains rabais basés sur des prix artificiellement élevés. Troisième critique, le manque de barrière à l'entrée sur ce créneau pour d'autres entreprises, en particulier des sociétés leader comme Facebook ou Google.

Enfin, si tout cela ne suffisait pas, certains estiment que le fondateur de Groupon n'est pas lui-même convaincu de l'avenir de l'entreprise. Ils en veulent pour preuve le fait qu'il a utilisé l'essentiel d'un investissement récent d'un milliard de dollars dans l'entreprise pour rembourser une part de des propres investissements.

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