ARM a un gros problème : ses puces dominent largement le marché des smartphones et des tablettes, mais ses designs n’ont pas réussi à se faire une place dans les serveurs et les supercalculateurs. Cette difficulté à s’installer dans ce marché s’explique en partie par l’impossibilité des serveurs ARM à faire tourner de nombreuses applications x86. En rachetant Allinea Software, ARM espère résoudre partiellement ce problème de compatibilité. Allinea développe des outils de développement, de débogage et de portage de logiciels, ce qui devrait faciliter l'écriture et le portage d'applications pour les serveurs et supercalculateurs basés sur les puces ARM.

Cette acquisition « nous ouvre un accès aux milliers de développeurs travaillant avec des supercalculateurs et nous permet d’avoir des remontées de première main sur les problèmes posés quand les logiciels sont portés sur de nouveaux systèmes basés sur ARM », a déclaré dans un blog Javier Orensanz, directeur général du Development Solutions Group d’ARM. Les outils de développement seront également utilisés pour les puces ARM des systèmes deep-learning qui nécessitent des déploiements massifs de serveurs pour les tâches d’analyse. Sur ce terrain, ARM sera en concurrence avec les outils deep-learning et les solutions HPC proposées par Intel, Nvidia, Google, Microsoft et même, plus récemment, par AMD.

Un supercalculateur japonais sur base ARM 64 bits 

ARM vend ses designs de puces à des fabricants tiers comme Apple, Samsung, Qualcomm et même Intel. ARM, qui s’intéresse activement aux marchés des supercalculateurs et de l’IoT, est en train de finaliser son rachat par le groupe japonais Softbank pour 32,4 milliards de dollars. Fujitsu développe actuellement le premier supercalculateur - dénommé Post-K - construit autour de puces ARM 64 bits. Ces puces sont basées sur une nouvelle microarchitecture ARMv8-A Scalable Vector Extension en référence à ses capacités de traitement vectoriel pour effectuer des calculs complexes. Le déploiement de Post-K est prévu d'ici 2020 au Japon.

En rachetant Allinea Software, ARM reconnaît sa faiblesse logicielle tout en y apportant une solution. Le concepteur de puce gagne des clients, mais obtient aussi un accès plus direct aux développeurs capables d’écrire des applications pour les processeurs ARM. De nombreuses entreprises ont adopté les outils d’Allinea, et certaines d’entre elles font tourner les ordinateurs parmi les plus rapides du monde, mais basés sur d'autres architectures processeurs. L'équipe d'Allinea intégrera l'équipe en charge des solutions de développement HPC chez ARM. La feuille de route des produits d'Allinea ne sera pas modifiée. Le coût de l’acquisition d’Allinea Software n’a pas été révélé.