À Nice, les représentants du gouvernement ont utilisé Twitter pour encourager les personnes touchées à utiliser le Safety Chek de Facebook pour signaler qu’ils étaient en sécurité. Mais le gouvernement français a également utilisé son app officielle Alerte Attentat (SAIP) pour prévenir les gens de l’attaque. Seul bémol, l'alerte a été diffusée près de trois heures après que la police a tiré sur le chauffeur du camion qui a balayé la foule rassemblée sur le front de mer, jeudi soir pour assister au feu d'artifice organisé à l’occasion de la Fête nationale, tuant 84 personnes. Une alerte totalement inutile au final. Il aurait mieux valu passer par les notifications émises par les apps des grands médias, Le Monde, Le Figaro, l’AFP ou encore l’Obs. Qui utilise vraiment Twitter ou l’app du ministère de l’Intérieur pour recevoir des notifications. Twitter est agaçant avec des alertes incessantes et sans intérêts, et SAIP inconnue du grand public.

C’est après les attentats terroristes survenus en novembre 2015 à Paris, que le ministère de l’Intérieur a commencé à travailler sur l'application Alerte Attentat SAIP (Système d'alerte et d’information des populations). Présentée le mois dernier, l’app mise en service le 8 juin est censée alerter les gens plus rapidement et délivrer plus d’informations que le réseau national existant de sirènes et de messages radio. Les évènements de jeudi soir ont été le premier vrai test de son efficacité ou de sa totale inefficacité. Mais le gouvernement doit être sûr qu'il peut compter sur son app SAIP, dans un pays toujours sous le coup d’un état d’urgence - il a été prolongé de trois mois après l’attentat de Nice - où le niveau d'alerte terroriste devrait rester élevé pendant un certain temps.

Pourquoi utiliser Twitter 

Pour cette fois, Twitter a fourni les moyens de communication les plus rapides et les plus efficaces aux autorités. Que ce soit le maire de Nice (Philippe Pradal), le chef de la police ou d’autres responsables locaux, tous se sont appuyés sur le service de messagerie pour livrer les dernières informations et donner des conseils à la population. La secrétaire d’État aux affaires numériques, Axelle Lemaire, a conseillé aux personnes présentes à Nice de « rassurer leurs proches en activant le Safety Check de Facebook « nous sommes en sécurité à Nice » - une heure avant que l'application du ministère de l'Intérieur ne délivre son message conseillant sèchement aux gens de « se mettre à l’abri » et ne fournisse les numéros de téléphone mis en place d’information au public et de soutien aux victimes. Le message posté sur Facebook par la secrétaire d’État, relayé par les comptes Twitter de nombreux autres fonctionnaires et services gouvernementaux, a suscité les critiques de certains utilisateurs de Twitter qui contestaient l’usage d’un service commercial par les autorités.

En cas de catastrophes naturelles ou artificielles, Facebook active désormais sa fonction de vérification de la sécurité, le fameux « Safety Check », encourageant ses utilisateurs à signaler à leurs proches qu'ils sont en sécurité. De cette façon, leurs contacts sur le réseau social peuvent voir qu'ils sont bien en vie. Parmi les milliers de personnes présentes sur le front de mer jeudi à Nice, un grand nombre d’entre eux ont utilisé leur téléphone pour obtenir des informations ou rassurer leur famille et leurs amis, submergeant les réseaux cellulaires. À tel point que le ministère de l’Intérieur a demandé aux utilisateurs de Twitter de ne pas mobiliser le réseau téléphonique et de n’utiliser leur mobile qu’en cas d'extrême urgence.

La réactivité de Deveryware pointée du doigt 

En ce qui concerne l’app SAIP mise en place par le ministère de l'Intérieur pour l’Euro 2016 ce n’est pas la congestion du réseau qui est à l’origine de son dysfonctionnement, mais « un problème technique rencontré par l'entrepreneur qui gère l'application », comme l’a déclaré une source gouvernementale aux Échos. L'application contient du code développé par l’entreprise Deveryware basée à Paris, qui permet de fournir des alertes localisées sans que l'utilisateur ne soit connecté à un serveur central, un élément important de protection de la vie privée en France. « Vendredi après-midi, des représentants de Deveryware ont été convoqués au ministère de l’Intérieur », a rapporté la journaliste. La question est aujourd’hui de savoir s’il y avait une astreinte chez Deveryware pour assurer le fonctionnement du service d’alertes ou si tout le personnel était déjà parti en week-end pour le pont du 14 juillet. Et si astreinte il y avait, pourquoi un tel manque de réactivité pour un système d’alertes. L’entreprise n'a pas immédiatement répondu à une demande de commentaires.