Bien installé au coeur du quartier d'affaires de San Francisco, la start-up Scality a été fondée en 2009 par Jérôme Lecat (en illustration principale) avec le soutien de plusieurs investisseurs financiers. Pionnier des fournisseurs d'accès à Internet en France dans les années 90 avec InternetWay, Jérôme Lecat mise aujourd'hui sur le stockage distribué de données non structurées avec sa technologie Virtual Ring. 

Présentée comme une alternative bon marché au SAN, cette dernière forme une plate-forme de stockage distribué à travers des serveurs Linux x86 standards (avec 10 à 20 To par système) connectés sur un simple réseau Ethernet Gigabit pour rester compétitifs sur les prix. « Notre proposition commerciale consiste à baisser les coûts du stockage de 50% sans sacrifier les performances [par rapport à une solution SAN, NDLR]» précise Jérôme Lecat

Une entité "autoréparable"

Le dirigeant aime comparer sa solution à une entité organique "autoréparable". Sans point central, la technologie logicielle Ring gère en effet l'ajout de nouveaux noeuds pour augmenter la capacité de stockage mais également la perte de machines. « Les données sont toujours répliquées. Si un serveur disparaît, les autres reconstruisent et partagent les données perdues. Pour l'application, il n'y a pas de pertes. Il faut simplement 12 à 24 heures pour reconstruire 2 To en production avec une perte de donnée de 50%. 

La reconstruction repose sur des clefs uniques distribuées sur l'ensemble des serveurs. » Le PDG de la start-up ne veut pas parler de base de données comme ossature du système d'indexation des données, car bien souvent cette solution finit par ralentir les performances de la solution de stockage. « Une mémoire cache de la topologie permet toutefois d'accéder plus rapidement au bon serveur » précise Jérôme Lecat. Une console de gestion disponible sous la forme d'un composant passif permet de suivre tout ce qui se passe et d'automatiser certaines actions pour réduire les ressources en administration. Cette console s'interface avec les principales suites du marché, HP OpenView et autres outils SNMP.

Un air de "déjà vu"

Ceux qui suivent le marché du stockage auront déjà noté des similitudes avec les produits d'Isilon Systems (limité à 144 noeuds). Scalitix se distingue par sa technologie -  l'algorithme de Chord et le Peer-to-peer pour la réplication des données et l'interrogation en parallèle des serveurs - et sa cible - principalement les hébergeurs et les opérateurs Internet cherchant une solution économique pour proposer des plates-formes de messagerie et des services cloud. Si les premiers clients séduits par cette solution sont des fournisseurs de services de messagerie (le belge Telenet par exemple avec deux millions d'utilisateurs et 200 To sur Zimbra), l'ambition de Scality est potentiellement plus vaste. Des opérateurs de services et de stockage en ligne (Intergenia ou Connectria) ont également été conquis par Scality. Tiscali par exemple désire lancer une offre concurrente d'Amazon S3 en s'appuyant sur Scality pour proposer un prix de 5 cents par mois par Go stocké. 

Un accord OEM vient même d'être signé avec Parallels pour sa solution Cloud Automation Platform (fourniture d'infrastructure pour opérateurs cloud). Enfin, Jérôme Lecat n'oublie pas les grandes entreprises et les solutions verticales (Santé, Média, Big Data, etc.) à la recherche d'une plate-forme de stockage évolutive et bon marché. « Le code de notre solution a un an (2 ans de conception ont été nécessaires) et aujourd'hui une dizaine d'opérateurs sont nos clients. Une start-up islandaise GreenQloud a également adopté notre solution ». Elle fournit des services IaaS en utilisant uniquement des énergies renouvelables.

Aujourd'hui Scality emploie 30 personnes (9 aux États-Unis, 20 en France et une en Allemagne) et prévoit d'arriver à 40 en fin d'année. 13 millions de dollars ont été levés depuis la création de la start-up, dont 7 récemment, auprès d'Idinvest, Crédit Agricole Private Equity et Galileo.