Si l’architecture processeur 64-bit est devenue incontournable sur le marché des PC et des serveurs, c’est à l’initiative d’AMD qui a apporté ces instructions supplémentaires à l’architecture x86 (avec l’Athlon 64). A la même époque, Intel se concentrait (2003) sur sa plate-forme IA-64 (Intel Architecture 64-bit) destinée à remplacer les PA-Risc de HP et concurrencer les PowerPC d’IBM et les Sparc de Sun. Las, tous les efforts d’Intel pour développer et commercialiser les puces IA-64 connues sous l’appellation commerciale Itanium n’auront pas suffi à imposer la plate-forme sur le marché. HP est resté le principal client et partenaire du fondeur qui a connu de nombreux retards dans la livraison de ses puces. La désaffection des éditeurs Microsoft (2010 avec la fin du support de Windows Server) et Oracle (2011 avec la fin du portage de sa base de données) a également contribué à étouffer la plate-forme.

L'Itanium 2 était encore proposé avec une cartouche. (crédit : Intel))

Lancée début 2001, les processeurs Itanium ont toujours souffert de la comparaison avec les autres puces pour Unix et ont été incapables de suivre la montée en performances des processeurs Xeon du même Intel. Ce dernier annonce donc la dernière itération de sa famille Itanium avec la série 9700, connue sous le nom de code Kittson. Doté de huit coeurs cadencés à 2,66 GHz avec 32 Mo de mémoire cache, le 9700 traite douze instructions par cycle d'horloge. Un porte-parole d’Intel a indiqué dans un courriel à un de nos confrères d’IDG NS qu’il n’y aura plus de puces issues de la famille Itanium après les Kittson. Depuis plusieurs années, Intel invite ses clients à se tourner vers ses puces Xeon qui ont hérité de nombreuses fonctionnalités de sécurité et de tolérance aux pannes (correction d’erreurs et RAS) empruntées aux puces pour grands systèmes. Déjà annoncée sur les serveurs Dell PowerEdge Gen14, la prochaine génération de puces Xeon basées sur la microarchitecture Skylake (28 cœurs et support du 3D Xpoint pour la RAM et les SSD) est attendue en juillet prochain.

L'architecture des puces Itanium n'évoluera plus avec cette dernière itération. (crédit : Intel)

Une puce pas assez performante 

Mise à niveau incrémentale de la précédente génération baptisée Poulson, le 9700 se destine aux serveurs haut de gamme exécutant Unix, principalement les HPE Integrity i6 (HP-UX). Compatibles avec les sockets existants, les Itanium 9700 peuvent s’installer sur les cartes mères des serveurs actuels pour allonger leur durée de vie. HPE a déclaré qu'il maintiendrait le support des serveurs Itanium en service jusqu'à 2025 et publiera la dernière mise à jour de HP-UX 11i v3 en juin prochain. Si le fournisseur a déjà commencé à accompagner la migration de ses clients vers des systèmes Xeon avec la bénédiction d’Intel qui entend se concentrer sur une seule architecture datacenter avec des coprocesseurs FPGA et des interconnexions plus rapides, certains clients ne sont pas encore disposés à quitter Itanium, en particulier ceux qui ont besoin de serveurs à haute disponibilité pour maintenir une infrastructure stable et continue. HP s’est donc engagé maintenir Itanium en vie un peu plus longtemps que prévu.