Alors que les fiançailles avec EMC viennent juste d’être annoncées – avec un mariage au deuxième ou troisième trimestre 2016 – Dell poursuit sur sa lancée avec son évènement Dell World actuellement à Austin (du 20 au 22 octobre). Un peu plus près de nous, le Dell Solutions Tour 2015 a posé ses valises le mercredi 20 octobre dans les salons très chargés de l’Hôtel de ville de Paris. L’occasion de revenir sur les dernières annonces du Texan avec Eric Velfre, responsable de l’activité Entreprise chez Dell. Au sujet du projet d’acquisition de EMC pour un montant de 67 Md$, le dirigeant nous a indiqué que « ce rachat n’est pas une histoire de réduction des coûts mais l'occasion d'ajouter une capacité technologique et commerciale supplémentaire » à Dell. Pour piloter cette fusion, Dell a justement déjà recruté Rory Read, l’ancien CEO d’AMD, au poste de COO. Et à part VNX, les recouvrements de gammes ne sont pas nombreux avec les produits de stockage Dell (Equalogic, Compellent et Powervault), selon M. Velfre. Il est vrai que la « fédération » d’EMC couvre plusieurs secteurs d’activités avec une force commerciale conséquente.

Lors de cette matinée à Paris, l’équipe entreprise de Dell France nous a donc dévoilé en avant-première les dernières annonces infrastructures du fournisseur, à savoir les serveurs de la gamme DSS (Datacenter Scalable Solutions) et les baies Compellent 9000 (que nous gardons pour demain). Il y a 10 ans, le Texan avait introduit la famille DCS (Data Center Solutions) pour répondre à des besoins spécifiques en hyperscale avec des serveurs personnalisés (commandes à partir de 50 millions de dollars). « Il s’agissait de vendre à nos clients mais également aux sociétés qui proposent des services [… ) Et on a vu nos clients évoluer très rapidement, plus vite que nous le pensions », a précisé M. Velfre. « Les cycles de ventes se raccourcissent pour l’adoption des nouvelles technologies, avec notamment des cloud privés de plus en plus prévalents dans les grands comptes ».

Des serveurs DSS semi-personnalisés

Avec la gamme DSS, Dell lance donc une seconde marque reposant sur la 13ème génération de serveurs PowerEdge. Les commandes commencent à partir de 2 millions de dollars ou 24 serveurs et, contrairement à DCS, Dell ne part pas de zéro mais adapte ses produits pour proposer des machines plus dépouillées aux clients. « Nous avons retiré les façades, certaines fonctions d’administration maison dont les clients n’avaient pas besoin pour aller vers un modèle commodité », nous a expliqué Nathalie Rotceig, chef produit serveurs chez Dell France. Même si le mot n’a pas été prononcé durant la conférence de presse du fournisseur, on pourrait parler de serveurs bare-bone ou châssis bruts à destination des marchés des télécoms, des hébergeurs, des services web, de la recherche et des industries pétrochimiques. Le management peut être assuré par un outil BMC avec un KVM virtuel et les OS certifiés sont ceux qu’on trouve habituellement dans ces marchés. Linux principalement donc.

Les serveurs DSS 1500, 1510 et 2500 viennent adresser le marché hyperscale d'entrée de gamme.

Les serveurs annoncés vont du DSS 1510 (1U monosocket Xeon E5-2600 v3 ou E5-1600 v3 avec 8 slots dimms et quatre emplacements hot-plug au format 3,5 pouces ou huit 2,5 pouces), au DSS 1510 (2U double socket Xeon E5-2600 v3 avec 16 barrettes et le même stockage) en passant par le DSS 2500 (2U double socket E5-2600 v3 avec 16 barrettes et 12 slots 3,5 pouces). En haut de gamme, on trouve le DSS 7500 avec 2 blades capables de piloter le châssis DSS 7000 basé sur le DCS XA90 (4U double socket Xeon E5-2600 v3 avec 12 slots dimms et 90 emplacements 3,5 ou 2,5 pouces). La capacité maximale de ce dernier serveur atteint 720 To.

Le châssis DSS 7000 peut accueillir 90 disques durs ou SSD pour une capacité totale de 720 To.

Un marché hyperscale évalué à 16 Md$ par an 

Avec ces machines, Dell entend répondre à des entreprises qui ont des besoins matériels similaires à ceux de Google et Facebook, mais sans généralement posséder les moyens techniques internes capables de concevoir leurs propres serveurs. Comme pour les grands acteurs du web, elles déploient néanmoins un grand nombre de serveurs x86, et la performance informatique est au cœur de leur activité. « Ces entreprises ne sont pas tout à fait hyperscale mais néanmoins importantes et en croissance rapide », nous a expliqué Eric Velfre. Le groupe DSS va donc travailler avec ces clients pour les aider à sélectionner le matériel semi-personnalisé qui ne sera pas nécessairement unique pour eux, mais différent de serveurs à usage général afin de mieux répondre aux applications qu'ils exécutent. Ces entreprises à croissance rapide subissent des pics de demande et ont parfois besoin - en toute hâte - de capacités supplémentaires. Dell affirme qu’en cas de besoin, il sera en mesure de livrer des milliers de serveurs - sans doute avec des frais de livraison supplémentaires.

Avec DSS, le Texan tente donc de répéter le succès de sa division DCS. Dell a été le premier grand OEM sur le marché du serveur à proposer ce genre de machines, et ce, à un moment où il était en difficulté. Depuis, d’autres poids lourds l’ont rejoint. Hewlett-Packard, par exemple, vise également les clients hyperscales à travers un partenariat avec Foxconn pour fournir des serveurs de type bare-bone. Sans oublier bien sûr les SuperMicro et autres Quanta Computing. Des fournisseurs attirés par un marché devenu conséquent. Dell estime ainsi que le marché des serveurs d'entreprise atteint les 40 milliards de dollars par an dont 9 Md$ pour celui de l’hyperscale haut de gamme, couvert par les DCS, et 7 Md$ pour le palier inférieur, désormais adressé par les DSS.

Au dernier trimestre, Dell était le numéro deux sur le marché des serveurs monde, avec 18 % des revenus, derrière HP 25%. Le Texan a bien exploité le flottement chez Lenovo et pourrait bien profiter de la perturbation chez les partenaires de HP quand la société se scindera en deux le 1er novembre.