Les entreprises exploitant la base de données et les solutions middleware d'Oracle intéressent vivement IBM. Pour les attirer, ce dernier a concocté quelques offres tentatrices. Il leur propose d'abord de réaliser une analyse financière calculant combien d'argent ils économiseraient en passant des produits d'Oracle à sa propre base de données DB2 et à son serveur d'application WebSphere. S'y ajoute une évaluation technique personnalisée et un plan de migration destiné à montrer aux clients la rapidité et la facilité avec laquelle l'opération pourrait s'effectuer.

IBM complète le tout d'une offre d'étude de faisabilité (proof of concept) qui sera réalisée, au choix, dans ses laboratoires ou sur le site du client. L'objectif étant de démontrer les bénéfices potentiels de l'évolution. Des sessions de formation (une centaine) sont également proposées aux équipes techniques spécialisées sur les produits Oracle afin de les aider à se mettre à niveau rapidement sur les technologies IBM, précise le communiqué diffusé vendredi dernier par Big Blue. Et les clients d'Oracle pourront accéder à ces différentes offres sans bourse délier, souligne Bernie Spang (en photo), directeur de la stratégie d'IBM pour l'activité bases de données.

Enfin, Big Blue a également préparé plusieurs solutions de financement pour les entreprises intéressées, l'une d'elles étant assortie d'un taux d'intérêt à 0% pendant douze mois.

Jusqu'à 30% d'économie sur les coûts d'achat

IBM affirme que ses efforts pour faire migrer les clients d'Oracle ont porté leurs fruits. Selon ses chiffres, l'an dernier, plus de 1 000 clients de la base de données concurrente ont choisi de passer à DB2 et plus de 400 utilisateurs de WebLogic ont retenu WebSphere. Parmi ses plus récentes conquêtes, le fournisseur cite la Deutsche Postbank et le Russe Gazprom Neft, pétrolier et fournisseur de gaz. Une précision s'impose néanmoins. Si certains clients ont effectivement réalisé des migrations à grande échelle vers IBM, d'autres ont simplement choisi Big Blue plutôt qu'Oracle dans le cadre d'un nouveau projet, reconnaît Bernie Spang. Par ailleurs, ces chiffres avantageux ne font évidemment pas mention des clients IBM qui seraient passés à Oracle ou qui auraient évolué vers une autre base concurrente au cours des derniers mois.

Malgré tout, les bénéfices d'une migration vers IBM sont significatifs, insiste Bernie Spang. Il indique que certains des clients Oracle qui ont changé pour IBM ont économisé environ 30% dans les seuls coûts d'acquisition sur une période de trois ans, sans compter des dépenses réduites au niveau opérationnelle sur les notes d'électricité et de refroidissement des systèmes.

S'il reconnaît que migrer une base de données n'est pas tâche aisée, le directeur de la stratégie d'IBM souligne que la firme d'Armonk a réalisé ces dernières années deux mises à jour de DB2 qui facilitent ce type de mise en oeuvre. Au nombre de ces améliorations figure une couche de compatibilité supposée permettre aux applications écrites pour Oracle de tourner sur DB2 avec un minimum de modifications, voire aucune. « Cela a radicalement changé la donne économique de la migration », affirme Bernie Spang.

La concurrence s'exacerbe entre IBM et Oracle

Quoi qu'il en soit, les présentes offres mettent en lumière, s'il en était besoin, la concurrence exacerbée que se livrent IBM et Oracle depuis que ce dernier est devenu constructeur de matériel à la suite du rachat de Sun Microsystems. L'argumentaire d'Oracle s'appuie maintenant sur la complétude de ses solutions intégrées allant de la couche stockage aux serveurs, pour la partie matérielle, et du middleware aux applications métiers, pour la partie logicielle. IBM se révèle moins puissant qu'Oracle sur la dernière catégorie, celles des applications d'entreprise, en particulier sur la partie ERP.

Plutôt que d'acquérir ou de développer son propre ERP, IBM a choisi de se focaliser sur des partenariats avec des éditeurs tels que SAP ou Lawson Software, apportant son infrastructure matérielle et logicielle comme socle sous-jacent à ces applications. On peut néanmoins imaginer qu'à moyen ou plus long terme, les relations entre IBM et SAP pourraient être altérées, ce dernier portant actuellement la Business Suite, son ERP vedette, sur la base de données Adaptive Server Enterprise (ASE) qu'il a acquise avec le rachat de Sybase. On s'attend à voir un jour l'éditeur allemand inciter ses clients exploitant actuellement la base de données d'Oracle (et ils sont nombreux) à utiliser plutôt Sybase ASE pour économiser de l'argent. En revanche, on ignore encore s'il procédera de la même façon avec DB2. « Les relations entre IBM et SAP sont aujourd'hui très solides, rappelle Bernie Spang en soulignant que SAP lui-même s'appuie sur DB2 pour gérer ses propres activités.

Illustration : Bernie Spang, directeur de la stratégie d'IBM pour l'activité bases de données (crédit : IBM)