Sur fond de crise économique, l'éditeur français Talend réalise la prouesse de boucler un troisième tour de table. La start-up fondée par Bertrand Diard et Fabrice Bonan vient de lever 12 M$ auprès de son actionnaire historique AGF et du fonds britannique de capital risque Balderton Capital. Lequel compte parmi ses associés Bernard Liautaud, fondateur de Business Objects. Mieux encore, l'emblématique patron de BO, qui a revendu sa société à SAP en septembre 2007, fait son entrée au conseil d'administration de Talend. Il s'est dit séduit par l'offre d'intégration de données développée par l'équipe française et par le parcours que la start-up a effectué depuis son premier tour de table, au printemps 2006. Aujourd'hui, Open Studio, le logiciel d'ETL (extraction, transformation et chargement de données) proposé par Talend en Open Source, a été téléchargé 3,3 millions de fois dans le monde et Bertrand Diard évalue à 200 000 le nombre des utilisateurs du produit. Au-dessus du coeur gratuit Open Studio, l'offre de Talend comporte des briques complémentaires fournies sous forme d'abonnement, avec support avancé. C'est sur ces offres à valeur ajoutée que Talend a bâti son modèle économique. En 2007, après un trimestre d'exercice, la start-up avait déjà engrangé plus d'un million de dollars de chiffre d'affaires. Un revenu qu'elle a multiplié par six sur l'année écoulée. De trente collaborateurs, début 2008, la société est passée à cent personnes douze mois plus tard, et compte 150 partenaires intégrateurs dans le monde. Une tarification très concurrentielle En moins de trois ans d'existence, l'éditeur français a su gagner la confiance de nombreuses grandes entreprises ; des clients qui, en outre, le dispensent souvent de la démarche d'approche commerciale puisqu'ils le contactent régulièrement eux-mêmes après avoir déjà téléchargé et essayé son ETL. C'est en partie ce qui permet à Talend de proposer des tarifs très concurrentiels - pouvant descendre jusqu'à 30% de certaines offres, face à ses concurrents directs, aux cycles commerciaux plus lourds (les Informatica, IBM avec son offre Datastage héritée du rachat d'Ascential, ou encore Oracle avec l'offre rachetée à Sunopsis). Son tarif n'est pas basé sur le nombre de serveurs, ni sur le nombre de bases cibles et sources (comme chez Oracle), mais sur le nombre de développeurs. « Nous avons gagné 350 nouveaux clients en 2008 », comptabilise Bertrand Diard. Dans le portefeuille de Talend figurent, en France, des entreprises comme SFR, Orange, Virgin Mobile, cdiscount, Eurofins Scientifique ou Boloré. Et aux Etats-Unis, région qui génère 30% des revenus de l'éditeur, Open Studio a été choisi par des groupes tels que US Cellular, Yahoo, eBay, Sony et DuPont de Nemours. Tous clients qui ont recours à l'outil d'intégration de Talend pour traiter de très gros volumes de données. Chez SFR, notamment, il est utilisé pour la génération des factures clients. Bertrand Diard promeut l'Open Source à l'Afdel Sur son marché, Talend participe par ailleurs aux initiatives menées pour développer l'industrie française du logiciel. A la fin de l'année dernière, son PDG Bertrand Diard, a pris la tête, dans le cadre de l'Afdel (association française des éditeurs de logiciels), d'une commission sur l'édition en environnement Open Source. Si l'année 2009 se joue dans un contexte économique compliqué, Bertrand Diard table sur le fait que sa solution va permettre aux DSI d'accompagner leurs réductions des coûts. Sans compter l'incontestable crédibilité qu'apporte l'arrivée de Bernard Liautaud au conseil d'administration de la société. Balderton Capital, le fonds de capital risque qu'il représente, fut l'un des tout premiers à investir dans la société suédoise MySQL, qui s'est revendue en janvier 2008 à Sun pour un milliard de dollars. Son intérêt pour Talend (il a apporté 9 M$ et AGF 3 M$ de plus) semble donc de fort bon augure.