Les clients lourds, à installer sur chaque ordinateur, n'ont plus la cote : trop complexes à installer et mettre à jour, incompatibles avec la vaste majorité des terminaux, ils se sont fait voler la vedette par les interfaces Web. Mais les interfaces HTML, même mâtinées de Javascript (concept Ajax), restent trop simplistes pour des usages avancés, et impliquent de rester connecté en permanence. Le constat ne date pas d'hier, et on parle depuis des années des clients pour les applications Internet riches (RIA), qui reprendraient le meilleur des deux mondes : projets XUL chez Mozilla, GWT chez Google, Apollo chez Adobe, WPF/E chez Microsoft, RCP chez Eclipse et chez Sun Netbeans, OpenLaszlo (implémentation Open Source de Flex)... La véritable émergence des RIA, toutefois, peut vraiment être située en 2008. C'est en effet ces derniers mois que les quatre gros acteurs du secteur ont peaufiné leur stratégie et leur technologie. Google, avec son offre en Open Source, qui permet à tous les développeurs Java de créer simplement des interfaces riches, a su habilement diffuser son GWT (Google Web Toolkit). Adobe a enfin compris qu'il lui fallait diffuser le plus largement possible - donc gratuitement pour les terminaux mobiles, comme pour les PC - sa plateforme d'exécution Flash, car son installation conditionne en partie le succès de ses offres Flex (client Flash permettant la manipulation des sources de données) et AIR (Adobe Integrated Runtime, client riche complet) ; l'autre condition du succès étant le soutien de la communauté de développeurs et de créatifs. Avec la deuxième version de Silverlight, Microsoft a concrétisé la promesse d'un client riche s'adressant - comme chez Adobe - à la fois aux créatifs et aux développeurs. Sachant que si la communauté .Net est extrêmement importante, Microsoft doit encore faire ses preuves pour séduire les graphistes. Et Sun a - enfin ! - sorti sa propre solution, dont il parlait depuis plus d'un an et demi, JavaFX. L'inventeur de Java part évidemment avec un atout sérieux, la diffusion de la plateforme d'exécution Java. En revanche, la version 1.0 a franchement laissé sceptiques les spécialistes du domaine : Sun a encore beaucoup de chemin à parcourir avant d'atteindre la productivité et le résultat des solutions concurrentes. Il est probable que ces différentes technologies cohabitent. Mais plusieurs tendances devraient assurer leur succès. D'abord, les RIA peuvent aussi bien servir aux applications professionnelles, pour remplacer des clients complexes ou vieillissants, que grand public, notamment dans le monde du Web 2.0 qui mise avant tout sur l'interactivité. Elles bénéficient donc de facto d'une large audience potentielle, renforcée par le fait que les utilisateurs en entreprise (notamment les 'digital natives') souhaitent de plus en plus pouvoir travailler avec des interfaces aussi ergonomiques que ce qu'ils utilisent au quotidien dans leur vie personnelle. Ensuite, les types de terminaux se multiplient (ordinateur, netbook, smartphone...), et leur seul point commun est Internet - et la capacité du navigateur embarqué à télécharger la plateforme d'exécution idoine. Enfin, les RIA correspondent exactement à la philosophie guidant actuellement les développements : architectures orientées services (SOA) et mash-up (combinaisons de services applicatifs au niveau du poste client ou des serveurs Web). Ce sont en effet les clients idéaux pour accéder à des services divers et les agréger avec une interface fonctionnelle et agréable. A lire sur le sujet : - Le 29 décembre : Sun assure que JavaFX sera entièrement disponible en Open Source - Le 19 décembre : Adobe sort une version Linux de son client riche AIR - Le 19 novembre : Adobe Max : AIR 1.5 s'adapte aux capacités de Flash 10 - Le 19 mai : Moonlight, la version libre de Silverlight fait ses premiers pas - Le 16 décembre : Les clients Adobe témoignent de leur utilisation des RIA - Le 5 décembre : Sun JavaFX : technologie RIA à la traîne et stratégie à revoir - Le 14 octobre : Silverlight 2 convoque Eclipse via le Français Soyatec - Le 1er juillet : Le contenu Flash accessible aux moteurs de Google et Yahoo - Le 7 mai : JavaOne : Sun présente sa technologie de client riche JavaFX - Le 17 avril : Microsoft rejoue Mix au public français - Le 25 février : Adobe lance officiellement son offre de clients riches - Le 1er décembre : Adobe Max : Flash et AIR mixent vidéo et réseaux sociaux - Le 9 juin : Silverlight 2 pourra être programmé en Ruby ou Python - Le 7 mai : Adobe veut diffuser Flash gratuitement sur les mobiles - Le 18 avril : Silverlight supportera les DRM avant la fin de l'année - Le 17 mars : Flash Lite et PDF bientôt sur Windows Mobile - Le 11 mars : Microsoft dévoile ses ambitions pour un Silverlight mobile - Le 25 février : Ilog intègre ses composants de visualisation à AIR et Flex