Bouygues Telecom a demandé en juillet 2012 à l'Autorité des télécoms (Arcep) de pouvoir utiliser sa bande de fréquences 1800 MHz - actuellement utilisée pour la 2G qui achemine la voix et des données de faible volume comme les SMS - pour y faire transiter la 4G.

Mais développer la 4G via la bande des 1800 MHz est beaucoup plus rapide que de le faire sur les fréquences 2,6 GHz et 800 MHz et ses rivaux Orange, SFR et Free soulignent qu'ils n'ont pas payé des sommes colossales à l'Etat lors des enchères pour l'attribution de ces fréquences 4G fin 2011 pour que celui-ci donne une autorisation spéciale à leur concurrent Bouygues.

Le PDG de SFR, Stéphane Roussel, avance même l'argument que 5000 emplois seront menacés chez le deuxième opérateur français et ses sous-traitants (centres d'appels notamment) si un tel avantage concurrentiel était octroyé à Bouygues Telecom, numéro trois du marché.

Un chantage à l'emploi


Une affirmation à laquelle réagit vivement le secrétaire général de Bouygues Telecom, Didier Casas, dénonçant « un chantage à l'emploi exercé sur les pouvoirs publics, sur la base de chiffres et d'évaluations qui ne sont ni crédibles ni sérieux ». Il ajoute « SFR a déclaré que l'arrivée d'un quatrième opérateur sur le marché (Free, ndlr) était à l'origine de 856 suppressions d'emplois. Comment peut-on croire qu'un simple changement technique dans le mode d'utilisation d'une bande de fréquence, le 1.800, par un seul opérateur qui ne représente que 16% du marché puisse entraîner la suppression de la moitié des effectifs de SFR ? »

L'arrivée de Free a également bousculé Bouygues Telecom qui a pour sa part annoncé en juillet un plan de départs volontaires prévoyant la suppression de 556 postes.

« Pas de tour de passe-passe »


M. Roussel persiste pourtant en qualifiant de « scandale absolu » le fait même que le régulateur des télécoms examine la demande de son concurrent et indique avoir adressé une lettre résumant ces arguments, avant Noël, au président de l'Arcep, Jean-Ludovic Silicani, ainsi qu'aux ministres Arnaud Montebourg (Redressement productif) et Fleur Pellerin (Economie numérique).

Mais pour M. Casas, Bouygues Telecom « a fait son devoir comme les autres opérateurs en achetant des fréquences 4G pour 900 millions d'euros », un montant similaire à celui déboursé par les autres opérateurs et « ne demande pas de tour de passe-passe pour faire de la 4G sans avoir payé pour ».

De plus, l'opérateur a obtenu le soutien de la commissaire européenne chargée des nouvelles technologies, Neelie Kroes, qui « nous a écrit en décembre pour nous dire qu'elle était favorable à une attribution rapide » de ces fréquences, assure M. Casas. L'Union européenne compte déjà une quinzaine de pays où la bande des 1800 est utilisée en 4G, selon lui.

Free mis à part, les trois opérateurs de réseau « ont la même quantité de fréquence 1800 et s'ils le voulaient, SFR comme Orange pourraient également faire de la 4G dans la bande des 1800. Nous avons demandé une décision pour l'ensemble du marché, nous ne demandons pas un privilège », ajoute encore M. Casas. En attendant une décision qu'il espère pour le premier trimestre 2013, Bouygues Telecom indique qu'il a déjà commencé les travaux pour passer de la 2G à la 4G sur la bande des 1800.