Hackers et crackers ont pu entendre un plaidoyer très patriotique en leur faveur lors d'une des interventions de la conférence Black Hat, la semaine dernière à Las Vegas, rapportent nos confrères de Network World. Ils ont été présentés comme de potentiels héros, alors que les actes de terrorismes évoluent vers des cyber-attaques, également capables de déclencher des destructions physiques.

C'est un ancien patron de la CIA, Cofer Black, en fonction pendant les événements du 11 septembre 2001, et chargé à l'époque de diriger le contre-terrorisme, qui l'a exposé à une assemblée où se pressaient quelques milliers de participants. Selon lui, les trois premières menaces terroristes traditionnelles - chimiques, bactériologiques, radiologiques - ont changé de nature pour laisser la place à des menaces cinétiques (celles qui incluent des troupes et des armes), bactériologiques et cybernétiques. «Le monde du terrorisme que j'ai connu appartient au passé », a déclaré Cofer Black, aujourd'hui à la retraite, qui a servi pendant 28 ans dans la CIA. « C'est votre tour maintenant », a t-il ajouté.

Stuxnet a changé le visage du terrorisme

Selon l'ancien chef du contre-terrorisme, Stuxnet a définitivement changé le visage du terrorisme et montré quelles conséquences pouvaient avoir les cyber-attaques. Le ver très sophistiqué qui a pu prendre le contrôle de mécanismes gérant des centrifugeuses dans la centrale nucléaire iranienne de Bouchehr pour les endommager, a eu l'effet d'une attaque physique. « Stuxnet est le Rubicon de notre avenir », a-t-il dit. Ce que l'on a pu considérer comme un univers de farces de collège est maintenant capable de détruire une infrastructure nationale. « C'est énorme. » Tellement énorme que l'armée américaine a prévu dans ses stratégies des réponses aux cyber-attaques qui dépassent le seul espace des réseaux informatiques. Ainsi, une cyber-attaque peut justifier en représailles des réponses cinétiques, comme des frappes aériennes contre des centrales électriques ennemies pour réduire à néant un réseau électrique. Selon Cofer Black, l'action anti-terroriste menée par les États-Unis a réduit la probabilité d'un autre événement terroriste de grande envergure comme l'attaque contre le World Trade Center. Mais les terroristes vont investir de manière croissante dans le piratage et chercher des compétences dans ce domaine, « car ils savent maintenant que ce type d'actions peut être destructeur. »

« Nous sommes légion ! »

Selon l'ancien chef de la CIA, les cyber-contre-terroristes en herbe doivent être prêts à contribuer à cette action. Mais ils doivent aussi être prêts à affronter des décideurs qui ne sont pas encore disposés à accepter que les prochaines actions seront de cette nature. Revenant sur la catastrophe du  11 septembre, il a indiqué que son service au sein de la CIA savait qu'une attaque à grande échelle était en préparation, mais ne savait pas exactement quand, ni où elle aurait lieu. « Jusqu'à ce que le World Trade Center tombe, mon service a eu du mal à convaincre l'administration Bush de l'urgence de la situation », a t-il expliqué. « L'esprit humain a du mal à accepter que des événements dont il n'a jamais eu l'expérience  puissent se produire », a t-il ajouté. Selon lui, il faut prévoir des plans et des réponses à une cyber-guerre, de manière à ce que, en cas d'attaque, les États-Unis soient prêts à agir si les dirigeants le demandent. « Ce fut le cas après le 11 septembre : la CIA était prête à envoyer des agents en Afghanistan, pour lutter contre les Talibans et Al-Qaïda. »

Pour conclure, Cofer Black a adressé une sorte de message amical aux participants qui pouvaient appartenir aux groupes d'activistes LulzSec et Anonymous (et dont la devise est « Nous sommes Anonymous. Nous sommes légion. Nous ne pardonnons pas. Nous n'oublions pas »). « C'est la première fois que je participe à la Conférence Black Hat. Maintenant, je peux vous voir. Nous sommes légion ! », a-t-il lancé.

Photo : Cofer Black (source Wikipedia)