La saga Blackberry continue. Après les dernières rumeurs selon lesquelles Samsung, Cisco ou encore Google se montreraient intéressés par un rachat potentiel d'une partie de l'entreprise, ce sont maintenant deux des fondateurs de la firme canadienne qui s'intéressent à la compagnie. Selon des documents déposés auprès des autorités boursières américaines Mike Lazaridis et Doug Fregin, possédant à eux deux près de 8% des parts de BlackBerry, soit environ 41,6 millions des 524 millions d'actions ordinaires que Blackberry avait déclaré posséder en mars dernier, songeraient à un achat total ou partiel des parts de l'entreprise. Les deux hommes sont en outre convenus de travailler exclusivement l'un avec l'autre, semblant ainsi exclure tout rapprochement avec Fairfax, qui avait proposé il y a quelques semaines son offre de rachat de la totalité de la firme pour 4,7 milliards de dollars. Prem Watsa, chef du bureau de Fairfax Financial Holdings à Toronto, détient en effet près 10% de l'entreprise.

Goldman Sachs et Centerview Partners: deux partenaires de taille

Pour s'assurer une chance dans leur ambition, les deux co-fondateurs se sont offerts les services de Goldman Sachs & Co et de Centerview Partners. Les deux cabinets de conseil devraient les aiguiller dans l'examen des alternatives stratégiques concernant les actions de l'entreprise canadienne. Mike Lazaridis apparaît d'ailleurs comme le représentant légal de l'investissement dans les deux sociétés holding étudiant l'offre de rachat: Ontario Inc et Ontario Ltd. Bien qu'officiellement retraités, Mike Lazaridis et Doug Fregin ont récemment fondé Quantum Valley investments, un fond de capital risque. Rappelons que BlackBerry est née en 1984 et que Mike Lazaridis a depuis occupé divers postes en son sein, notamment celui de président. Doug Fregin occupait quant à lui le poste de vice-président des opérations. En 2011, Mike Lazaridis a démissionné de BlackBerry avec son co-CEO Jim Balsillie. Tous deux ont été remplacés par Thorsten Heins, actuel PDG. Mike Lazaridis a toutefois occupé son poste de vice-président de BlackBerry jusqu'au début de cette année.

Une branche téléphonie sans valeur

Le regain d'intérêt pour BlackBerry par les deux fondateurs survient après des mois d'incertitude pour l'entreprise. Elle a récemment rapporté une perte de près de 1 milliard de dollars pour le troisième semestre, principalement attribuable à la faiblesse des ventes du smartphone Z10 et à la mise à pied prévue de 4500 travailleurs sur une masse salariale de 12500. Les analystes ont par ailleurs déclaré que la branche téléphonie de BlackBerry était sans valeur et que sa suppression pourrait coûter jusqu'à 2 milliards de dollars. Le réseau sécurisé de l'entreprise reste toutefois évalué à plus de 4,5 milliards de dollars et les brevets de BlackBerry pourraient atteindre les 3 milliards de dollars, sans compter plus de 3 milliards de dollars en espèces et divers placements .

Si la démarche de Mike Lazaridis et de Doug Fregin aboutissait, leur histoire rappellerait celle de Michael Dell. En septembre dernier, le milliardaire américain et fondateur de Dell, associé au fonds d'investissement Silver Lake Partners, avait racheté son entreprise pour la sortir de la Bourse.