Cette année, la société de conseil Capgemini Consulting recherche 1 000 consultants, principalement des juniors possédant des compétences en réseaux sociaux et en technologies du numérique. Autre acteur à se positionner dans cette voie :  Atos Origin.  Il y a quelques semaines, son PDG Thierry Breton avait indiqué qu'il souhaitait que ses collaborateurs ne communiquent plus sur messagerie, pour la remplacer, d'ici trois ans, par d'autres applications jugées plus adaptées à la collaboration, comme les plates-formes communautaires. Selon lui, la suppression des e-mails serait la meilleure façon de diriger une entreprise et de réaliser des contrats. Mais pour Pierre-Yves Cros, responsable de Capgemini Consulting au niveau mondial, il ne s'agit pas uniquement d'éliminer le recours à la messagerie électronique. Selon lui, durant une grande partie de la dernière décennie, faire du conseil consistait à ce que des collaborateurs brillants sachent comment réaliser des analyses.  Mais la commercialisation de leurs services est devenu plus difficile, bien que les clients de Capgemini aient recruté ces analystes aux talents prometteurs pour eux-mêmes. Le marché a en effet changé à d'autres égards. Beaucoup de travaux relatifs au conseil impliquent de collecter des données, mais, d'après Pierre-Yves Cros, ces travaux peuvent désormais être réalisés en quelques minutes en cherchant sur le web.

Innover, comprendre les clients, gérer les risques

Pour lui, si les consultants souhaitent sortir du malaise croissant qui se ressent dans les relations avec leurs clients, ils devront  alors développer un nouveau type de consulting, moins concentré sur les gains de productivité et la réduction des coûts et davantage axé sur l'innovation, la compréhension des clients, et la gestion des risques. «Jusqu'ici, on a beaucoup misé sur l'efficacité et pas assez sur les aspects client », estime le dirigeant. « Les entreprises qui veulent rester compétitives ne peuvent pas simplement se concentrer sur la réduction des coûts », estime Pierre-Yves Cros. « Elles doivent changer la façon dont elles appréhendent les besoins de leurs clients. Il s'agit de sortir de l'ERP et d'exploiter des médias sociaux tels que Facebook ou Twitter, ou d'autres nouveaux outils. »
Le dirigeant de Capgemini Consulting prévoit de recruter entre 800 à 1 000 consultants cette année, des profils juniors, déjà familiarisés avec ces usages, pour la plupart. « Les jeunes recrues comprennent fort bien ce que nous attendons d'elles », considère Pierre-Yves Cros. « Nous n'avons pas besoin de les former à ces outils. Toutefois, nous aurons toujours besoin de consultants expérimentés ».

Un modèle qui déstabiliserait certains consultants

Pour l'heure, l'effet net sur les salaires reste difficile à estimer. En abaissant la pyramide des âges, les salaires moyens sont généralement tirés vers le bas, mais, en offrant des services originaux Capgemini Consulting gagnera davantage d'argent et pourra ainsi mieux rémunérer son personnel, a précisé Pierre-Yves Cros. Ce dernier assure que la valeur perçue sera beaucoup plus élevée en comparaison avec le consulting traditionnel. Bien sûr, 1 000 embauches ne signifient pas 1 000 nouveaux emplois. Pierre-Yves Cros n'a pas fourni d'éléments sur le nombre de consultants qui pourraient quitter la firme, mais il a constaté que certains d'entre eux ne se sentaient pas à l'aise avec cette façon de réaliser du conseil.

Illustration: Pierre-Yves Cros, responsable de Capgemini Consulting au niveau mondial. Crédit photo: D.R