L'un des points intéressants de la conférence a porté sur les nouveaux modes de développement que SAP cherche à étendre au sein de ses équipes. Depuis plusieurs mois déjà, certains développeurs travaillent en petits groupes de dix personnes sur certaines portions d'applications et présentent leurs avancées aux clients toutes les quatre semaines pour recueillir leurs impressions. « Cette méthodologie n'est pas nouvelle, mais elle était principalement utilisée par de petites sociétés. Là, nous cherchons à la mettre en place à l'échelle de 12 000 développeurs ». Avec des réactions étonnantes, constate Jim Hagemann Snabe. « Les gens se sentent plus impliqués et sont fiers de présenter ce qu'ils ont fait aux clients ». Pour l'instant, il estime que 20% des équipes concernées travaillent déjà ainsi et compte étendre la démarche à l'ensemble de la société.

Une entreprise heureuse et des clients confiants

Bill Mc Dermott a renchéri sur le sujet, estimant qu'il fallait motiver les collaborateurs dans leur ensemble, et laisser les développeurs mener leur barque afin qu'ils soient heureux. Ce faisant, il reprenait un voeu plusieurs fois formulé par Hasso Plattner lors de sa conférence du 8 février dernier. Le co-fondateur avait alors annoncé le changement de direction et confessé qu'il voulait faire de nouveau de SAP une société heureuse [des questionnaires de satisfaction internes avaient révélé un taux élevé de mécontentement]. A sa suite, les co-PDG parlent d'établir ambiance et confiance dans l'entreprise. Jim Hagemann Snabe a tenu aussi à réaffirmer qu'en dépit du caractère très global de l'entreprise, présente dans toutes les régions du globe, « nous n'avons jamais oublié que nous avions été créé en Allemagne ». Alors que les deux co-PDG sont respectivement Danois et Américain (les premiers, donc, à n'être pas allemands), ils ont tout deux assuré qu'ils passaient beaucoup de temps dans le pays d'origine de la société. « Nous voulons mettre nos clients au premier plan », ont-ils réitéré. « Si les clients ont de nouveau confiance dans SAP, alors nous retrouverons la croissance », a ajouté de son côté Michael Kleinemeier, patron de la filiale allemande. Emporté par l'enthousiasme du moment, Bill Mc Dermott a quelque peu cédé au lyrisme : « Si vous faites confiance à vos équipes, que vous aimez vos clients et qu'ils vous aiment, le reste suit ».

Des objectifs modérés pour 2010

Entre temps, les dirigeants avaient rappelé leurs objectifs financiers pour 2010 : +35% de marge opérationnelle à mi-parcours, 30 à 31% de marge sur l'exercice à taux de change constant et de 4 à 8% d'augmentation sur le chiffre d'affaires licences et maintenance par rapport aux 8,2 milliards d'euros de 2009. Ils espèrent retrouver une croissance à deux chiffres sur ces ventes dès que le marché repartira, sans savoir si cela interviendra en 2011 ou 2012. Et, s'ils ne s'interdisent pas de faire une acquisition importante si une opportunité pertinente se présente, ils entendent privilégier la croissance interne : « Le sang qui coule dans les veines d'un éditeur, c'est l'innovation ! ». Au passage, répondant aux rumeurs faisant de SAP lui-même une cible de rachat, Bill Mc Dermott rappelle que l'éditeur entend rester une société indépendante.