Si Huawei tire environ un dixième de ses revenus de produits d'entreprise, le reste provient majoritairement de la vente de téléphones portables ou d’équipement réseau aux opérateurs de téléphonie. Mais l’entreprise de Shenzhen nourrit d’autres ambitions sur ce marché dont l'Allemagne reste encore l’un des plus grands pourvoyeurs. Cette année, le Cebit (16-20 mars 2015 à Hanovre) a mis l’accent sur la modernisation des industries et sur la quatrième révolution industrielle, appelée aussi « Industrie 4.0 ». L’objectif est d’accroître l'interopérabilité et la surveillance en temps réel des systèmes de fabrication et de distribution dans les entreprises. « Cette révolution implique des industries traditionnelles, c’est donc une grande opportunité pour nous », a déclaré Yan Lida, président de l’Enterprise Business Group de Huawei. D’ailleurs, au Cebit 2015, Huawei a un stand géant au cœur du Hall 2, pour montrer ses nombreux serveurs, équipements stockage et réseaux pour l’entreprise.

Contrairement à HP, qui a diversifié son activité serveurs et stockage en investissant le secteur du logiciel d’entreprise, y compris dans l'analyse et la sécurité, et à IBM, qui a renoncé à de larges pans du marché du hardware d'entreprise pour se concentrer sur les logiciels et les services, cédant ses activités PC et serveurs Intel à Lenovo, Huawei reste résolument tourné sur l’activité hardware. « Ce marché a toujours besoin, au moins, d’un fournisseur de matériel », a déclaré Yan Lida. Mais cela n’empêche pas Huawei de s’intéresser de près à la façon dont ses produits sont utilisés pour faire tourner le logiciel, et dans le Hall 4, dans un coin du stand de SAP, le fabricant expose ses produits, à côté de ceux de Lenovo et de Hewlett-Packard.

Des partenariats signés avec SAP, Deutsche Telekom et DataCore

Les trois entreprises montrent leurs configurations serveur compatibles avec l’ERP de SAP et HP se vante encore que près de la moitié de tous les logiciels de SAP tournent sur ses serveurs. Mais, cet avantage risque de faire long feu, les deux vendeurs de serveurs chinois ayant clairement identifié une opportunité de marché sur ce créneau.

Pendant le Cebit, Huawei a signé un partenariat de recherche avec SAP : le fabricant accueillera des ingénieurs SAP dans son siège de Shenzhen et enverra certains de ses chercheurs travailler chez SAP. « SAP est notre partenaire stratégique mondial », a encore déclaré Yan Lida. Le plus grand opérateur réseau allemand a également estimé qu’un rapprochement avec Huawei pourrait lui permettre de réduire l'emprise des autres fournisseurs. « Deutsche Telekom veut affirmer son indépendance vis-à-vis des fournisseurs », a sobrement indiqué l’opérateur, en annonçant que sa filiale de services informatiques T-Systems proposerait aux PME des services cloud hébergés sur des serveurs Huawei.

Et ce n’est pas tout : pendant le salon, Huawei a aussi noué des liens plus étroits avec l’éditeur américain DataCore, spécialiste du stockage Software Defined Storage SDS. Les deux entreprises vont lancer ensemble une gamme de systèmes hyper-convergés certifiés combinant des serveurs de la série FusionServer de Huawei avec le logiciel SANsymphony de DataCore. Enfin, la semaine dernière Huawei a ouvert un nouveau centre de recherche fondamentale à Paris. Tous ces signes indiquent que l’entreprise chinoise nourrit de grandes ambitions sur l'Europe.