C'est une mutation purement technologique et un évènement dans le développement du SaaS en France. Cegid, proche de Microsoft ou d'Orange sur de nombreux dossiers (*), vient de signer avec IBM France pour un cloud privé. Cegid disposait pourtant de sa propre plate-forme. Mais les moyens financiers nécessaires à un éditeur pour se développer en SaaS (software as a service) n'étant plus à sa mesure, Cegid a décidé de choisir un partenaire et opté pour IBM, ses capacités d'hébergement et sa sécurité.

Actuellement, le SaaS chez Cegid représente 30 000 utilisateurs, sur un total de 400 000 auxquels s'adresse l'éditeur. C'est 20 000 TPE, 650 grands comptes et ETI, 350 collectivités locales. Ces clients ne seront pas touchés par l'accord signé entre Cegid et IBM, l'opération promet d'être transparente pour les utilisateurs. Un an a été nécessaire aux deux parties pour finaliser le projet. La migration des applicatifs se fera en milieu d'année 2012. Cegid va arrêter son contrat avec l'hébergeur redondant qui doublait sa propre plate forme issue de CCMX (**). Il proposera des services en SaaS sous le nom de « nuage Cegid ».

IBM France au plus haut niveau

Du côté d'IBM France, l'initiative est suivie au plus haut niveau, puisqu'Alain Bénichou en personne, le Pdg, a présenté l'accord aux côtés de Jean-Michel Aulas, président de Cegid, et de Patrick Bertrand. « Pour des infrastructures complexes, il faut se préparer, souligne Alain Bénichou, nous avons investi 300 millions de dollars en 2009, en datacenter et en infrastructure de cloud, sur le marché français. Nous sommes prêts, avec, je n'hésite pas à le dire du made in France, une offre franco-française, faite par IBM France. Même l'électricité est française, même si elle est plus chère qu'ailleurs », lance le patron d'IBM France, toujours un peu provocateur. « Le cloud, c'est investir dans le béton, certains veulent se le faire payer par l'Etat, car la facture est conséquente. Nous, nous avons investi en propre ».

Alain Benichou, PDG d'IBM France
Alain Benichou, PDG d'IBM France (crédit photo : D.R.)

Autre point clé, celui de la sécurité. Un point vital pour les clients comme pour les prestataires en SaaS. Selon Alain Bénichou, cinq points sont importants : l'identité des personnes, celle des données, des applications, la sécurité des réseaux, celle des infrastructures serveurs. « Cet aspect sécurité est d'autant plus crucial pour nous que nous travaillons essentiellement avec des experts comptables et des collectivités locales », souligne Jean-Michel Aulas, c'est un critère prioritaire pour nos clients et la clé du développement du SaaS. »

Jean-Michel Aulas, président de Cegid
Jean-Michel Aulas, président de Cegid (crédit photo : D.R.)

Un triple objectif pour Cegid

Pour les dirigeants de Cegid, un triple objectif est tenté : satisfaire les actionnaires en valorisant le développement de la société sans investissement trop lourd ; s'adosser à un partenaire de premier plan pour consolider les offres en SaaS, conquérir de nouveaux clients et amplifier son avantage par rapport à ses concurrents ; se développer à l'international où Cegid a toujours été timide.

Quant aux  concurrents de Cegid, pour aller dans le Saas, ils devront mettre le prix, c'est-à-dire se doter en propre d'une infrastructure ou nouer un accord avec un partenaire de type IBM. Le défi est de taille. Cegid et IBM ont  négocié pendant un an, le projet prend du temps, et Cegid avait déjà une forte expérience du SaaS et avant lui de l'ASP (**). Cet accord devrait permettre à Cegid de tenir ses rivaux un peu plus à distance.

(*) Cegid intègre de longue date ses solutions avec les outils Microsoft, plus récemment l'offre en SaaS de Cegid est disponible sur Business VPN d'OBS.

(**) Au mois de juin 2004, Cegid rachetait son concurrent français CCMX, outre la complémentarité des offres, l'opération lui apportait une plateforme d'hébergement. On parlait à l'époque d'ASP et non pas de SaaS. Cegid développait ensuite des offres, Cegid Sourcing, puis Cegid on demand, sur ses différents secteurs d'activité. En mode SaaS, ces applications représentent une part de plus en plus importante de son chiffre d'affaires : 16,3 M€ en 2010, 20 M€ en 2011.