La virtualisation, les hyperviseurs et systèmes d'exploitation, les ingénieurs Dor Laor et Avi Kivity connaissent bien. Tous deux font partie de l'équipe qui a travaillé sur le développement de l'hyperviseur Kernel Virtual Machine (KVM) chez Qumranet Technologies, racheté en 2008 par Red Hat pour 108 M$. Aujourd'hui, le logiciel de virtualisation alimente la plupart des clouds OpenStack et un grand nombre d'autres déploiements de virtualisation Open Source. Mais alors qu'il dirigeait la plateforme de virtualisation de Red Hat, Dor Laor s'est posé plusieurs questions au sujet de Linux. Selon lui, il ne fait pas de doute que l'OS est très bien pour les charges de travail virtualisées. Toutefois, quand il a été développé, la virtualisation n'avait pas encore d'existence opérationnelle.

Depuis, Linux a évolué pour supporter la virtualisation et aujourd'hui il sait gérer les charges de travail dans le cloud. Toutefois, selon Dor Laor, il n'est pas optimisé pour cela. « Le système d'exploitation lui-même est resté pratiquement intact depuis l'avènement du cloud computing», explique-t-il. Aujourd'hui, dans le cadre d'un projet Open Source nommé OSv qu'il a initié, il a lancé un nouveau système d'exploitation conçu pour gérer les environnements virtualisés et cloud. Dor Laor et Avi Kivity ont quitté Red Hat il y a quelques mois pour développer leur projet. Leur start-up Cloudius Systems, qui a été créée fin 2012, vient de recevoir des investissements providentiels et a été officiellement lancée pendant la conférence LinuxCon qui se tient actuellement à la Nouvelle Orléans (16-18 septembre).

OSv tourne au-dessus de l'hyperviseur

La différence entre l'OSv et un autre OS, c'est qu'il tourne au-dessus de l'hyperviseur et qu'il interagit directement avec l'application en cours d'exécution afin de s'assurer que l'allocation de ressources est provisionnée en fonction des besoins. Même s'il n'est pas basé sur le noyau Linux, OSv a conservé les meilleures fonctionnalités offertes par Linux pour le cloud et la virtualisation. Par exemple, il n'y a pas de gestion système. OSv permet aux développeurs de déployer des applications depuis l'environnement de développement vers le cloud, ce qui permet de se passer de la gestion des modèles, de la configuration et des réglages, selon Dor Laor. Cela peut être utile dans un environnement devops ou PaaS où les développeurs créent constamment de nouvelles applications et les injectent dans le cloud.

Parce que OSv est destiné à faire tourner des charges de travail dans le cloud, il permet de se passer des configurations inutiles, des daemons et des options que l'on trouve en général dans un système d'exploitation. « Du coup, on économise du temps CPU, de la mémoire et on réduit la latence », explique la startup. « Cela en fait un OS idéal pour les déploiements cloud à grande échelle où des centaines de machines virtuelles exécutent des copies de la même application ».

OSv vise des acteurs du web de type Netflix ou Pinterest

Par ailleurs, aujourd'hui, Dor Laor, CEO de Cloudius Systems, a lancé OSv en tant que projet Open Source. Il espère que d'ici un an ou deux ans il pourra commercialiser et vendre son OS aux utilisateurs de cloud, notamment à des entreprise du web comme Netflix et Pinterest dont l'activité se passe entièrement dans le cloud, ou à des entreprises qui gèrent leurs propres clouds privés.

Selon Cloudius Systems, l'installation de l'OS serait simplissime. « Il suffit de l'activer sur des instances de machines virtuelles et de faire tourner les applications dans ce nouveau système d'exploitation ». À croire que le cloud pourrait bientôt avoir son propre système d'exploitation.