Généralement, les réseaux de stockage SAN sont composés d'éléments disparates mis en commun pour former un pool dans lequel on peut venir puiser des ressources. En général, les SAN sont aussi constitués de boîtes de stockage externes contrôlées par un switch. Ces systèmes répondent parfaitement aux besoins de stockage dynamiques. Cependant, pour sa solution Virtual SAN, VMware a choisi une approche différente : au lieu d'utiliser des baies de stockage externes et de les mutualiser, le système s'appuie uniquement sur le logiciel Virtual SAN qu'il fait tourner sur des serveurs x86 existants. Le pool de stockage partagé est créé en utilisant les éléments de stockage internes des serveurs. Cela signifie que le déploiement de Virtual SAN peut se faire par ajout d'une couche de recouvrement sans avoir besoin d'investir dans un nouveau matériel. Virtual SAN permet aussi une approche assez novatrice pour le provisionnement du stockage. En général, pour travailler, les SAN doivent définir des numéros d'unité logique (LUN ou Logical Unit Number) ou d'autres connexions entre les éléments de stockage et les éléments informatiques. La grande différence de Virtual SAN, c'est qu'il est intégré directement dans le noyau de l'hyperviseur ESX de VMware. Cela permet aux machines virtuelles de demander directement au logiciel Virtual SAN la quantité de stockage dont elles ont besoin, et celui-ci leur délivrera automatiquement l'allocation nécessaire. Les utilisateurs peuvent créer des modèles ou définir des politiques adaptées à la capacité de stockage dont leurs VM peuvent avoir besoin, déterminer le niveau de tolérance aux erreurs (et par conséquent le nombre de copies à prévoir) et estimer la réactivité pour choisir entre du SSD ou du disque dur. Ensuite, dès que le profil de la VM est établi, Virtual SAN provisionnera automatiquement le stockage nécessaire en fonction de ces politiques.

Réduire la complexité du stockage alourdie par la virtualisation

Simon Robinson, vice-président de la recherche dans le domaine du stockage pour le 451 Research Group salut l'idée de VMware. « Depuis des années, nos résultats montrent que les responsables de l'informatique et du stockage sont saturés par la complexité des opérations nécessaires pour gérer le stockage - gestion des LUN, des volumes, des niveaux RAID, etc. Et la virtualisation des serveurs n'arrange rien », explique-t-il. « Pour les entreprises déjà très engagées sur la voie de la virtualisation, une solution virtualisée pour gérer leur stockage apparaît donc très pertinente ».

Voilà trois ans que VMware développe Virtual SAN (la solution avait été dévoilé en détails lors de VMworld 2013). Depuis six mois, elle est disponible en version bêta et à ce jour, 12 000 clients se sont inscrits pour l'utiliser. Ryan Hoenle, directeur de l'association à but non lucratif Doe Fund, cliente de VMware, a testé Virtual SAN avec sa plateforme de récupération après sinistre. « Cela va vraiment de soi, si l'hyperviseur que vous souhaitez utiliser inclut également le stockage virtualisé », a-t-il déclaré. Virtual SAN permet à Doe Fund de disposer de la redondance là où elle en a besoin et de ne pas payer pour de la redondance quand elle n'est pas effective. « Pour le stockage, nous profitons de la même flexibilité que celle que nous apportent les autres solutions de traitement de VMware », a-t-il ajouté.

Nutanix et Simplivity travaillent sur le même problème

VMware n'est pas le seul à avoir choisi l'approche de l'hyperviseur intégré, avec définition des politiques. Simon Robinson fait remarquer que différentes start-ups se sont mises sur le créneau, précisant cependant que leur approche est légèrement différente. Des entreprises comme Nutanix et Simplivity proposent des infrastructures convergentes associées à des fonctionnalités comme la déduplication, la compression et des fonctions d'instantanés sophistiquées. Certaines start-ups offrent également le support multi-hyperviseur. Mais, l'un des avantages de Virtual SAN c'est qu'il est parfaitement intégrable avec les outils VMware existants. « Virtual SAN est une étape importante, car il vient valider cette approche, et cela profitera à tous les acteurs », a déclaré le vice-président de la recherche du Groupe 451.

Avec Virtual SAN, VMware parachève avec succès sa stratégie Software Defined Data Center (SDDC). Le vendeur de solutions de virtualisation est déjà clairement établi sur ce marché avec une plate-forme leader. Après le rachat de Nicira, il peaufine sa stratégie de virtualisation de réseau. Le stockage est peut-être la dernière frontière à conquérir pour VMware, et Virtual SAN est un élément de cette stratégie. Les porte-parole de VMware ne pensent pas que Virtual SAN remplacera un SAN ou un serveur de stockage en réseau NAS existant. Pour eux, c'est une plate-forme complémentaire qui peut s'avérer particulièrement utile pour la récupération après sinistre, le test et le développement, et les postes de travail virtualisés. Virtual SAN est disponible partout depuis hier. Son prix est de 2 495 dollars HT sous forme de logiciel autonome.