La fronde initiée depuis un an par la FEB (Fédération de l'équipement du bureau et de la papeterie) contre la politique de massification des achats de l'État est loin de s'être calmée. Dans son combat qui vise à éviter que les PME soient évincées des marchés publics, le syndicat patronal a trouvé l'oreille attentive d'Yves Censi, député de l'Aveyron et spécialiste des questions économiques liées aux PME. Le 3 février, ce dernier présidait une rencontre parlementaire à l'Assemblée nationale sur le thème « les PME et la commande publique, bilan et perspectives ». Elle s'est achevée par un discours de Frédéric Lefebvre (voir la vidéo), le secrétaire d'État chargé des PME. Au-delà de son sujet, l'intérêt de cette réunion résidait également dans la participation à la même table ronde des différentes parties prenantes à la discorde : d'un côté, André Vidal et Silvano Trotta, les président de la FEB et de la FICOME (Fédération interprofessionnelle de la communication d'entreprise), de l'autre Jacques Barailler, le directeur du SAE (Service des Achats de l'État) et Gilles Denisty le directeur de l'UGAP (Union des Groupements d'Achat Publics). Sans compter la présence de Jean-Pierre Schosteck, député des Hauts-de-Seine et Président de l'Association des Maires de France qui sont, comme d'autres collectivités locales, à la fois soucieux de réaliser des économies sur leurs achats et de faire vivre les PME de leurs communes.

« Pour le grand public, la perception du gaspillage de l'État est intolérable. C'est pourquoi la fonction publique doit avoir un vrai rôle d'acheteur et non plus se cantonner à une gestion administrative des commandes de l'État, expliquait Jacques Barailler, le directeur du SAE. Mais nous souhaitons également faciliter l'accès des PME aux marchés publics en simplifiant les démarches » (Voir la vidéo). Sur le fond, c'est à peu près le même discours qu'a tenu Gilles Denisty, le DG Adjoint de l'UGAP : « On attend de l'UGAP une participation à l'efficacité économique des achats. Dans cette mission nous ne pratiquons pas le « hard selling » auprès des entités publiques. En outre, l'un de nos autres objectifs est également de favoriser l'accès des PME aux commandes publiques et l'emploi en région. »

« La FEB et la FICOME ne sont pas les seules menacées
»

Silvano Trotta, le président de la FICOME n'a pas été convaincu par ces discours et s'en est pris directement à l'action de l'UGAP et du SAE. Selon lui, laisser faire ces deux structures revient à favoriser les gros fournisseurs au détriment des PME qui jouent leur survie. En outre indique-t-il, « il y a un problème de compétences dans les collectivités locales qui trouvent plus facile de se tourner vers l'UGAP pour éviter d'avoir à mettre en place des appels d'offres. D'autant que l'UGAP organise des réunions publiques où elle prend le soin d'expliquer l'intérêt de ses services ». Pour les deux dirigeants des syndicats des PME, le fait que l'UGAP démente faire du « hard selling » ne passe apparemment pas. « Les gens du SAE et de l'UGAP sont de bons communicants, a ironisé André Vidal. Mais ni l'un ni l'autre ne nous laisse réellement concourir. C'est pourquoi nous demandons aujourd'hui une concertation. Elle est d'autant plus importante que nous ne sommes pas les seuls PME à courir des risques. Dans la salle, il y a par exemple des représentants de la Fédération Nationale des Transports de Voyageurs » (voir la vidéo).

Avant l'arrivée de Frédéric Lefebvre dans la salle, Jean-Pierre Schosteck, le président des Maires de France, était le dernier à s'exprimer. Plus consensuel, ce dernier a estimé qu'il ne fallait pas opposer les deux systèmes. Selon lui, une centrale d'achats peut tout à fait rassembler les offres de petites PME. Et pour rendre moins compliquée la mise en place d'un appel d'offres, ce qui profite à l'UGAP, celui-ci précise que l'AMF a lancé un appel aux services de l'État pour que les procédures soient simplifiées.

Au final, on peut regretter que cette réunion parlementaire n'ait pas été l'occasion d'un vrai débat entre l'ensemble des acteurs. Ceux-ci se sont en effet cantonné à exposer leurs missions et points de vue sans véritables échanges. Elle a toutefois permis de mieux faire connaître la problématique de la massification des achats de l'état pour les PME auprès d'un large auditoire notamment composé de syndicats patronaux et de salariés (qui soutiennent le patronat dans ce cas précis), de parlementaires, de réseaux consulaires et de la presse.