En progression de 16% au niveau mondial, les résultats trimestriels de SAP sont plus contrastés sur la zone EMEA (Europe, Moyen Orient, Afrique). Les pays du nord, dans lesquels s'ancre la France, affichent une croissance à deux chiffres, alors que certains pays du sud enregistrent une croissance négative, comme l'Espagne, l'Italie, la Grèce, a commenté ce matin Franck Cohen, président de SAP pour la zone EMEA. Sur le marché français, l'éditeur allemand de logiciels d'entreprise réalise en fait une croissance à deux chiffres depuis le début de l'année, ce qui est plutôt rassurant compte tenu du contexte, fait remarquer le dirigeant. La filiale est pilotée depuis avril dernier par Henri van der Vaeren, qui a succédé à Nicolas Sekkaki.

Sur le troisième trimestre, il y a eu en France une évolution nette du chiffre d'affaires sur la partie analytique, spécialité historique de Business Objects. Franck Cohen l'explique par des changements sur le management, par la montée en compétences des équipes et par l'adoption de ce portefeuille d'innovation. « Nos équipes ont pris conscience qu'elle devaient promouvoir nos solutions d'innovation chez nos clients », explique Franck Cohen. A cet égard, il évoque le partenariat intervenu entre SAP et son client Safran (équipementier en aéronautique, défense et sécurité) dans trois domaines : la technologie HANA de traitement en mémoire, la mobilité et le cloud. « Nous nous sommes assis avec eux pour voir comment nous pouvions participer à leur projet d'entreprise », relate le président EMEA de SAP. Dans cette collaboration réalisée à un niveau stratégique, on retrouve ce qui a fait le succès de la société en Allemagne où, selon lui, SAP a su créer une intimité avec les entreprises. « Cela nous permet d'apporter de la valeur aux clients et cela donne confiance à leurs équipes en interne », assure-t-il en espérant que la collaboration réalisée avec Safran pourra se décliner avec d'autres clients en France. 

Progression sur les domaines périphériques à l'ERP

Sur l'Hexagone, l'image de SAP reste encore celle du fournisseur qui gère le back-office (comptabilité, ventes, stocks...), regrette Franck Cohen. « Les entreprises doivent prendre conscience que les technologies analytiques, de traitement des big data ou de gestion de la mobilité ont un impact très significatif. Charge à nous de les convaincre », expose-t-il. Parmi les motifs de satisfaction en France, le dirigeant cite la mobilité, le cloud et les offres CRM (gestion de la relation client), cette dernière étant en forte croissance depuis le début de l'année. La progression se fait donc plutôt sur des domaines périphériques à l'ERP. Les secteurs où les performances ont été les meilleures, sur le trimestre, sont le retail, la défense/aéronautique et le manufacturing. Ceux qui ont enregistré une baisse sont la finance et, dans une moindre mesure, le secteur public, Franck Cohen estimant que SAP France est relativement peu exposé sur ce marché.

Les ventes indirectes, et donc principalement aux PME, se portent bien avec une hausse à deux chiffres depuis janvier, signale encore Franck Cohen. « Beaucoup de nouveaux clients qui adoptent SAP pour la première fois le font sur l'analytique et sur les solutions mobiles », constate le dirigeant. Et bientôt sur HANA qui va être décliné pour les PME. En Europe, sur le trimestre écoulé, 21% de la part du chiffre d'affaires correspond à de nouveaux clients, souligne Franck Cohen, « ce qui représente une croissance de 40% », pointe-il. En trois mois, SAP a comptabilisé près de 900 nouveaux clients.

Les applications mobiles de Syclo appréciées

Au niveau mondial, SAP a enregistré une croissance à trois chiffres sur l'activité HANA, avec un chiffre d'affaires de 83 millions d'euros au 3e trimestre. Même performance sur les offres mobiles, issues des rachats de Sybase en 2010 puis de Syclo en avril de cette année. Elles ont généré 48 millions d'euros. Des revenus notamment tirés par les applications de Syclo, par exemple sur le secteur de l'énergie et du pétrole où les utilisateurs doivent intervenir sur le terrain.

Pour l'exercice 2012, SAP confirme ses perspectives de croissance (qui ont été relevées un peu pour tenir compte de l'arrivée d'Ariba, intégré au 1er octobre) : soit entre 10,5% et 12,5% de croissance, « plutôt sur la fourchette haute », a rappelé ce matin Franck Cohen. Sur l'Europe, il n'y aura pas de changement à court terme : atonie sur le sud, croissance plus forte au nord.