Le gouvernement américain a sanctionné les deux principales agences de renseignement de Russie, quatre officiers du renseignement militaire et il a expulsé 35 diplomates russes. Le gouvernement Obama les accuse de harcèlement contre des officiels Américains et leur reproche d’avoir mené des cyberopérations dans le but d’influencer l'élection présidentielle de novembre 2016. Ces représailles contre la Russie avaient été annoncées par le président Obama. Elles répondent au piratage du Comité national démocratique (DNC) et d'autres cibles politiques. De leurs cotés, les Russes viennent d’annoncer l’expulsion de 35 diplomates américains ou assimilés, et la fermeture de deux locaux dans la banlieue de Moscou. Mais quelques minutes après, Vladimir Poutine en personne a désavoué son ministre des Affaires Etrangères en indiquant qu'il n'y aurait finalement pas d'expulsions. 

L’administration américaine a également publié un rapport détaillé sur les cyberattaques, document signé à la fois par le FBI et le Département de la sécurité intérieure (DHS). Celui-ci comprend des informations déclassifiées sur le piratage et fournit les signatures des logiciels malveillants utilisés par les pirates, plus une liste d'adresses IP associées aux pirates qui ont également ciblé des groupes de réflexion, des universités et des entreprises partout dans le monde. « Les défenseurs du réseau peuvent utiliser ces informations pour identifier et bloquer les logiciels malveillants russes, et obliger les services de renseignements de Russie à revoir l’ingénierie de leurs malwares », a déclaré le gouvernement dans un communiqué.

Les Etats-Unis et d'autres pays ciblés par les attaques russes 

La liste des adresses IP permet de voir que plusieurs ordinateurs ont été compromis dans de nombreux pays et pas seulement aux États-Unis. « Tous les Américains devraient s’inquiéter des actions de la Russie », a déclaré le président Obama dans un communiqué. « En octobre, mon administration a estimé que certains agissements de la Russie étaient destinés à interférer avec le processus électoral américain. Ces vols de données et ces fuites n'auraient pu être organisés sans l’appui de responsables de haut niveau du gouvernement russe ». Les sanctions contre l'agence russe de renseignement militaire, le GRU, et contre le Service fédéral de sécurité de la Fédération de Russie, le FSB, sont en cours d'exécution en vertu du décret présidentiel Executive Order 13964.

Lorsqu'il a été publié la première fois en avril 2015, le décret offrait au président américain un droit de riposte dans le cas du piratage d'une infrastructure critique, d’attaques par déni de service majeures ou le piratage économique à grande échelle. Mais les systèmes électoraux n’avaient pas été inclus dans cette liste. C’est pour cette raison que le président Obama a modifié le décret en y ajoutant les incidents ayant pour objectif « d’altérer, de modifier ou de détourner de l'information dans le but d'interférer avec, ou de saper des processus électoraux ou institutionnels ». Les mesures de rétorsion prises jeudi contre la Russie ne seront pas les dernières, a encore promis le président américain. « Ces mesures ne représentent qu’une partie de notre réponse aux activités agressives de la Russie », a-t-il déclaré. « Nous continuerons à prendre une série de mesures au moment et à l’endroit de notre choix, dont certaines ne seront pas rendues publiques ».

Trump sur une ligne accommodante 

Mais ce temps des représailles pourrait ne pas durer. Le président élu Donald Trump, qui prend la relève le 20 janvier, a fait part de son scepticisme quant à la responsabilité de la Russie, mettant en doute les résultats de l'agence de renseignement américaine. Interrogé mercredi soir sur les sanctions, il a déclaré aux journalistes : « Je pense que nous devrions reprendre le courant normal de notre vie ».