Top départ pour le Défi H 2017. Huit équipes d’écoles d’ingénieurs informatiques vont s’investir jusqu’en mai prochain dans des projets favorisant l’insertion professionnelle de personnes en situation de handicap. C’est la 6édition de cette compétition créée en 2011 par Sogeti avec le Monde Informatique. L’initiative a largement pris ses marques en distinguant, au fil des promotions d’étudiants engagés, des projets de plus en plus aboutis et concrets à l’instar de T-Jack et Dicodys, deux des projets lauréats du Défi H 2016. L’un permet aux malentendants de téléphoner et d’écouter du contenu multimédia à partir de leurs prothèses auditives. L’autre propose aux enfants ayant des troubles dyslexiques un dictionnaire orthographique offrant une approche phonétique plutôt qu’alphabétique.

Sur l’édition 2017 du Défi H, les équipes sélectionnées sont au nombre de 8 réparties entre Bordeaux, Paris et Lille. Un 9e projet est soutenu hors concours par l’ENSEA de Cergy, dans le Val d’Oise. L’éventail des établissements représentés s’est étendu à de nouvelles écoles. Outre l’ENSEA, l'Ecole supérieure d'ingénieurs Léonard de Vinci, l’ICAM et l’ISEP participent cette année à la compétition. « Il y a un renouvellement sur le portefeuille d’écoles qui amène un nouveau type de projets », apprécie Jacques Mezhrahid, directeur de l’innovation chez Sogeti France, qui supervise depuis les tout débuts le déroulement de ce Défi H. « Cela montre que le sujet est attractif quelle que soit la catégorie d’école ».

« On sort des sentiers battus »

Une autre caractéristique intéressante de la promotion 2017, c’est que de nombreux projets combinent matériel et logiciel, avec le recours à des imprimantes 3D et à des fab labs, renforçant ainsi une évolution qui s’était amorcée depuis quelques éditions. Cela concerne la moitié des dossiers présentés alors qu’il n’y en avait qu’un ou deux jusque-là. « Cela prouve que l’on sort de la pure application software et que l’on va vers des sujets plus complexes », confirme Jacques Mezhrahid. « Nous avons des solutions qui sont d’une efficacité et d’une simplicité qui nous ont surpris. L’angle pris par les étudiants est juste, tant en termes d’idée que sur la façon d’en aborder l’implémentation et les cinq mois de la compétition vont permettre de le démontrer. » De surcroît, l’angle d’approche est original, constate aussi le directeur de l’innovation de Sogeti. « On sort des sentiers battus ».

Voici un rapide aperçu des projets en lice pour ce Défi H 2017, listés par ordre alphabétique. Quatre d’entre eux se présentent dans la catégorie « Jeune Pousse » dans laquelle concourent des étudiants de classes préparatoires (la maturité de leur participation ne pouvant pas être évaluée de la même façon que celles des élèves de 3ème année). Chaque projet sera accompagné par un coach Sogeti - marque de fabrique de l'initiative depuis l'origine - et par une association engagée dans l’accompagnement ou l’insertion professionnelle des personnes handicapées. Certaines équipes n’ont pas encore trouvé leur association.

Des projets combinant logiciel et matériel recourant à des fab labs

- Anti-Epilepsy Glasses, présenté par Exia Cesi, Bordeaux (catégorie Jeune pousse), avec l’association Epilepsie France Gironde. L’objectif est de réaliser un dispositif portable permettant aux épileptiques photosensibles de se protéger efficacement en prévenant les crises. Sous forme de lunettes, il permettrait de masquer les fortes intensités lumineuses.

- Autonomous Watch, présenté par l’Ecole supérieur d’ingénieurs Léonard de Vinci, Paris, avec Microsoft Services France - Mission Handicap. Le projet porte sur un service permettant aux personnes handicapées de recevoir des informations provenant de capteurs pour interagir aisément avec leur environnement sans passer par une aide extérieure. Les données collectées seront interprétées avant d’être notifiées.

- Kophosight, présenté par l’ECE, Paris, avec l’Institut national de jeunes sourds de Paris. Il s’agit de traduire en direct le langage oral en code LPC (langage parlé complété), moins connu que la langue des signes mais très utilisé dans la communauté sourde. Il complète la lecture labiale avec une information visuelle distinguant les syllabes. Le projet prévoit de recourir à la réalité augmentée à travers le casque HoloLens de Microsoft.

- Main interchangeable, présenté par l’ICAM, Lille. Le projet vise à créer un système s’adaptant aux activités physiques des personnes amputées d’une main qui ne peuvent plus effectuer les tâches quotidiennes de leur travail. Il prévoit de fabriquer, à l’aide d’une imprimante 3D, des modules adaptés en fonction de la tâche effectuée qui seront enclipsés sur une partie fixe.

- Murdock, présenté par l’école ECE, Paris (catégorie Jeune pousse). L’objectif du projet est de sécuriser la traversée des rues pour les personnes malvoyantes. Une liaison émetteur-récepteur avertira immédiatement de la présence d’un feu piéton via un boîtier vibreur.

- Myoveo, présenté par l’ECE, Paris (catégorie Jeune pousse). Il est question ici de créer une prothèse myoélectrique pour appareiller les personnes amputées de bras d’origine congénitale ou traumatique. L’objectif est de rendre accessible cette prothèse qui garantira une préhension active des objets pour les gestes de la vie courante et de mettre le projet en open source.

- Sign Speaker Translator, présenté par l’ISEP, Paris (catégorie Jeune pousse). L’équipe prévoit de réaliser un système de communication bidirectionnelle pour les sourds-muets. Il porte sur un traducteur de la langue des signes doublé d’un traducteur de la langue orale en texte affiché sur une app ou envoyé par téléphone.

- Transcriptor, présenté par Supinfo, Valenciennes. Le but est de réaliser une solution de transcription de texte en braille pour diversifier le choix de livres pour les non-voyants. L’invention s’appuiera sur une liseuse numérique classique reliée à un plateau constitué de tiges amovibles pour afficher la page en braille.

Hors concours, un projet pour les situations de polyhandicap

En complément, participe hors concours le projet Poly S.E.N.S. (Poly stimulation émotionnelle et sensorielle), présenté par l’ENSEA, Cergy. Ce dernier s’appuie sur une collaboration avec la Maison d’accueil spécialisé de Cergy consiste ici à imaginer une interface que des personnes en situation de polyhandicap pourraient utiliser pour agir et réagir davantage avec leur environnement à travers leurs sens (ouïe, vue, toucher) en mêlant ergonomie et musique. L’interface proposera des instruments adaptés, avec production de son, lumière ou vibration.

Pour la première fois, l’une des équipes est constituée d’étudiants étrangers non francophones auxquels Sogeti laissera la possibilité de rédiger les rapports en anglais pour garantir que le langage ne constituera pas un frein. L’an dernier, le rugbyman Sébastien Chabal avait parrainé la compétition. Il y aura également un parrainage cette année. Le choix de la personnalité est en cours. Pendant les cinq mois de compétition du Défi H 2017, les étudiants seront suivis de près par les coaches Sogeti. Deux séances de Tweet Live seront par ailleurs organisées, la première au début du mois de février et la deuxième juste après la remise des dossiers, début mai. Bonne chance à toutes les équipes engagées dans l’aventure.