Selon Thierry Petit, directeur général de Dell France, 2011 se termine convenablement, « la fin d'année est correcte, on attend janvier pour voir la tendance sur les budgets 2012. On aura une première idée des restrictions budgétaires dans les grands ministères ». En cette veille d'élections présidentielles et législatives, un grand nombre de fournisseurs d'infrastructures, d'éditeurs, et de SSII retiennent en effet leur souffle. « Le secteur public va être attentif jusqu'aux élections présidentielles (...) ensuite quelle sera la dynamique des entreprises ? Volontaire ou attentive », poursuit le dirigeant.

Sur les projets cloud à venir, M.Petit confirme que la demande progresse, « on voit quelques projets, mais pas encore partout et pas sur tous les sujets». Sur le projet de cloud souverain Andromède, piloté par Orange, Dassault Systèmes et Thales, le responsable avoue du bout des lèvres participer à certaines discussions sans désirer entrer dans les détails. « Une chose est sûr, plus le cloud se développe et plus il faudra d'infrastructures, et c'est une de nos spécialités ».

Et les coûts cachés des clouds ?

À la question de savoir si les coûts cachés des clouds ne commencent pas à inquiéter les clients, le patron de Dell France assure que pour connaitre le vrai prix du cloud, il faut connaitre le coût de la réversibilité. « Combien me coutera le fait de défaire un cloud ? C'est encore un point inconnu, nous ne sommes qu'au début du cloud. C'est à la fois une question technique et humaine. On ne peut pas, comme pour l'outsourcing, reprendre la main pour des questions de stratégie. » Sur la complexité grandissante du cloud computing pour des questions de sécurité et de fonctionnalités étendues, Thierry Petit assure que le point fondamental du cloud est qu'il est aujourd'hui un moyen de mutualiser les moyens et pas seulement dans une perspective économique. « Il s'agit de renforcer la sécurité, la flexibilité et la technique : ce sont les réels bénéfices du cloud computing. On peut baisser les coûts grâce à la mutualisation, mais on peut également générer d'autres coûts suite à l'amélioration du niveau de service et de la disponibilité ».

Interrogé sur un point de friction entre européens et américains, l'intrusion du Patriot Act dans les données stockées dans le cloud, Thierry Petit estime que les discussions actuelles sont une bonne chose et ne manifeste pas d'inquiétude particulière sur ce sujet. « La question centrale est de savoir, s'il est possible d'interdire une partie du marché à certains acteurs ? »

Une acquisition amicale attendue dans les services en Europe

Sur le marché des serveurs, Dell fait toujours partie du trio de tête, derrière HP et IBM, et ne craint pas la montée en puissance de Lenovo. « Nos métiers sont très différents, les clients n'achètent pas qu'un prix. Ils veulent un fournisseur avéré ». Un changement de culture chez Dell qui ne veut plus seulement passer pour un pousseur de cartons. Le constructeur texan s'est en effet considérablement renforcé dans les activités de stockage, de réseau et les services avec le rachat de Perot System en 2009. Mais ce dernier était principalement établi aux États-Unis et en Inde, et pour accroitre sa présence sur le marché européen, Dell envisage toujours une acquisition.

« Le développement de nos activités services passe par un rachat. Nous réalisons 80% de notre chiffre d'affaires services aux États-Unis, nous recherchons toujours le Perot européen pour atteindre une masse critique. Nous avons la capacité d'intégrer proprement un acteur de bonne taille. Le prix n'est pas un problème, nous souhaitons simplement éviter un acteur trop hétérogène. 1 à 2 société de services en Europe correspondent ». Au petit jeu du name droping - Logica, Steria, Sopra - Thierry Petit s'est refusé à commenter l'acquisition éventuelle de ces proies. Il a simplement indiqué que Dell faisait toujours des acquisitions amicales. « On regarde en permanence des acquisitions possibles. Nous scrutons 80 à 100 sociétés par an, avec pour objectif d'en acheter 8 à 10. » À coté des SSII, Dell cherche également à se muscler en stockage dans les domaines de l'archivage et du back-up. « Dans le secteur de la sécurité, nous sommes encore très petits et des acquisitions sont encore possibles. » Pour suivre ces opérations de rachats, Dell a débauché Dave Johnson qui s'occupait de la même chose chez IBM. Il est aujourd'hui en charge la stratégie chez Dell. Avec 16 milliards de dollars de cash en réserve, dont 5 générés au dernier trimestre, le constructeur texan a encore les moyens de financer ses ambitions.