Le cabinet de conseil Deloitte a publié ses anticipations pour le marché du décisionnel au sens large pour 2015. Celles-ci ont été commentées pour la presse par Reda Gomery, associé de Deloitte France en charge de ce sujet. S'il n'y a guère de surprise sur les tendances générales, les détails apportés amènent cependant la nécessité de quelques commentaires.

Ces cinq tendances sont en effet attendues : le big data, l'extension du domaine de l'analytique, la gouvernance des données, l'ouverture des données avec les nouvelles approches collaboratives (open-data) et la monétisation/valorisation des données. Mais chacune de ces tendances connaît une certaine maturité avec, parfois, des spécificités pour la France.

Big Data : encore en phase expérimentale

Le big data, beaucoup en parlent, bien peu en font au delà de l'expérimentation. Pour Deloitte, 2015 sera encore une année d'expérimentations et de tests. La généralisation attendra encore. Mais bien tester avant d'adopter une technologie qui n'est pas neutre sur le plan technologique comme celui de l'investissement financier et humain, cela n'a rien d'étonnant ni de mauvais, bien au contraire comme l'a souligné Reda Gomery. Il s'agit en effet de démontrer la pertinence business du déploiement des outils big data.
Cela dit, une fois les précautions oratoires prises, il est indéniable que les technologies progressent à pas de géant. De même, les opportunités business sont également de plus en plus importantes à l'heure du tout-numérique. « Le big data n'est certes pas vu comme le sujet le plus important du moment mais c'est un concept qui intéresse les directions générales » observe Reda Gomery. Concrètement, le big data permet souvent de traiter de façon systématique et exhaustive des données pré-existantes largement sous-exploitées jusqu'à maintenant.

L'invasion du décisionnel

L'une des difficultés du big data est en lien avec la deuxième tendance : l'extension du domaine de l'analytique. Les budgets big data sont largement consommés sur cette mise à disposition des rapports métier, notamment dans des secteurs très réglementés exigeant de tels rapports, comme la banque et l'assurance. Au delà, le décisionnel progresse d'une manière générale. De plus en plus de services traitent de plus en plus de données.

Du coup, la gouvernance des données est également une préoccupation croissante. Reda Gomery constate : « cette préoccupation est liée à la prise de conscience de l'importance des données. » Elle débouche normalement sur la création d'un cadre clair et unique dans l'organisation pour l'utilisation des données.

Logiquement, cette gouvernance est entre les mains du CDO (Chief Data Officer). Mais la position de celui-ci n'est pas nécessairement évidente. Il peut par exemple être placé de façon transversale pour transcender les silos métiers et les rivalités marketing/DSI. « On commence à rencontrer des CDO, la fonction existe dans les entreprises, mais l'existence de la fonction ne signifie pas que la gouvernance des données soit une réalité » soupire Reda Gomery. Le CDO doit aussi veiller à la pertinence des analyses effectuées sur les données utilisées. Une prise de recul est parfois nécessaire pour éviter de plonger dans certains pièges et biais.

Open-Data : les données entrouvertes pour faciliter la monétisation

L'État français s'est lui-même doté d'un CDO. Et la mission de celui-ci est largement liée à l'open-data dont il est par ailleurs l'un des chantres. Mais l'ouverture des données reste généralement une spécificité des collectivités publiques. Reda Gomery relève : « en France, l'open-data, comme l'open-innovation, restent émergents. »

A cela s'ajoutent des difficultés liées à la disponibilité des données. L'exemple des données des objets connectés est significatif. Leur valorisation et leur monétisation restent l'otage de la question de leur propriété, donc de l'identité de celui qui pourra procéder à cette valorisation. L'acheteur d'un objet est-il le propriétaire des données que cet objet génère ou bien son fabriquant peut il les revendiquer ?