Pendant 5 jours, une équipe de roboticiens américains du Centre pour la Recherche et la Sauvetage (Crasar) a déployé, dans deux villes japonaise ayant subies de gros dommages suite au tsunami du 11 mars dernier, trois véhicules sous-marins télécommandés afin de retrouver des victimes parmi les débris. En effet, six semaines après la catastrophe, parmi les 14 000 personnes déclarées mortes, 12 000 sont toujours portées disparues. Parmi elles, on pense qu'un certain nombre ont été emportées par la mer.

Les robots ont été appelés à la rescousse pour venir en aide aux plongeurs dépêchés par les Gardes Côtes Japonais, dans des secteurs jugés trop dangereux pour eux. « Notamment pour éviter aux plongeurs de se retrouver coincés sous des débris flottants ou d'être emportés vers des zones dangereuses, » a déclaré lors d'une conférence de presse Robin Murphy, directeur du Center for Robot-Assisted Search and Rescue (Crasar), basé à l'Université A & M du Texas, qui a dirigé l'équipe de roboticiens au Japon.

Un robot très spécialisé

Un SARbot de Seabotix (voir illustration principale), une société basée à San Diego, a été utilisé pour chercher sous les débris. Le robot peut être littéralement jeté à l'eau et se mettre au travail immédiatement. Équipé d'un sonar, d'une caméra vidéo, et de puissants projecteurs, le véhicule télécommandé (ROV) est connecté via un câble à une unité de contrôle qui tient dans une mallette. Celle-ci comporte un écran de 20 pouces et un ordinateur (Intel Core2 Duo) intégrant un touchpad, plus un joystick pour manoeuvrer le véhicule. 

Pendant sa sortie, le robot est allé examiner le toit d'une maison qui flottait en mer. « Nous avons pu envoyer le robot sous le toit, dans les débris, pour voir si quelque chose se trouvait en dessous, » a déclaré Jesse Rodocker, l'opérateur de SeaBotix. Ce dernier a également montré la vidéo d'une voiture immergée. Le ROV a permis de confirmer qu'il n'y avait pas de victimes à l'intérieur et de récupérer le numéro de sa plaque d'immatriculation. Dans certains cas, le robot a également été utilisé pour remonter des éléments à la surface grâce à son bras articulé capable d'attraper et de soulever des objets pouvant peser jusqu'à 100 kg. Un autre robot, l'AC-ROV, un véhicule télécommandé, venu d'Écosse cette fois - « essentiellement une caméra vidéo montée sur des propulseurs » - a été utilisé pour examiner les débris.

Des corps toujours hors de portée

Au cours de cette mission de 5 jours, les engins n'ont pas trouvé de victimes. Les sauveteurs pensent que les corps toujours dans l'eau sont probablement empêtrés dans des débris, hors de vue et de portée des plongeurs et des robots. L'autre objectif de la mission consistait à scanner les fonds marins pour localiser de gros débris restés sous l'eau qui pourraient mettre en danger la navigation des bateaux. Ces contrôles sous la surface constituaient une étape essentielle avant la réouverture des ports. 

A Minamisanriku, c'est un ROV de Seamor équipé d'un sonar qui a été chargé d'effectuer ce travail. À la surprise de l'équipe, celui-ci n'a pas trouvé beaucoup de débris sur le fond marin et presque tout ce qui a été repéré ne représentait pas un danger pour les navires. « Tous les filets de pêche, toutes les cordes, se trouvaient à 5 mètres de profondeur minimum, sauf une structure déjà bien visible au-dessus de la ligne d'eau, » a déclaré Robin Murphy.

Cette mission particulière du Crasar au Japon - elle a été financée par la US National Science Foundation - vient s'ajouter à une série d'autres déjà effectuées dans le passé. Ainsi, le centre avait été le premier à mettre en oeuvre ses robots terrestres sur le site du World Trade Center à New York peu après les attaques terroristes du 11 septembre 2001. L'équipe avait également déployé de petits véhicules aériens après l'ouragan Katrina et des robots sous-marins après l'ouragan Wilma.