Le philosophe, enseignant-chercheur et directeur de l'IRI (Institut de recherche et d'innovation) Bernard Stiegler vient de publier un ouvrage chez Fyp qui est autant un plaidoyer qu'une étude universitaire. Le développement du numérique, pour les auteurs, transforme radicalement l'humanité. Il ne s'agit pas ici de parler de la transformation des usages (adopter le MP3 au lieu du CD par exemple) mais bien de la modification de la manière de penser.

L'ouvrage est constitué de textes de plusieurs auteurs -certains traduits de l'américain- pour aborder cette transformation sous divers angles. Les auteurs n'hésitent pas à invoquer les mannes de Platon ou d'autres auteurs classiques, ce qui peut parfois surprendre, sauf à prendre conscience que les problèmes évoqués ne sont, fondamentalement, pas nouveaux en eux-mêmes. Mais le numérique transforme la manière de répondre en même temps qu'il transforme celui qui pose la question. Cette transformation, enfin, n'est pas seulement individuelle mais également collective, sociale. Les langages de programmation ne sont que des langages. Et les manières d'interroger Google dépendent également d'une certaine manière d'utiliser les langages.

Il faut regretter tout de même un discours riche en jargon non-explicité et parsemé de termes grecs anciens voire anglais (social networking) non-traduits alors que rien ne s'opposait à l'emploi de termes français compréhensibles à la première lecture. Cela nuit profondément à l'accessibilité du discours sans aucun apport sémantique réel. Et c'est bien dommage.