Lors du dernier Forum économique mondial de Davos, le BCG a publié le 27 janvier 2012 un raport intitulé « The digital manifesto : how companies and countries win in the digital economy » [Le manifeste digital : comment les entreprises et les pays gagnent dans l'économie numérique]. Cette étude porte sur une cinquantaine de pays dans le monde et tente de démontrer le lien entre croissance du PIB par tête et développement du numérique. Ce développement est estimé au travers du concept d'« e-intensité », un indicateur qui mixe infrastructures, consommation et engagement des acteurs économiques sur le web. Elle vise également à mettre en avant les bonnes manières de profiter de l'économie numérique.

Cependant l'interprétation du BCG de ses propres données est sujette à caution. Par exemple, pour une e-intensité similaire, la Corée du Sud et le Danemark sont loin d'avoir le même PIB par tête (respectivement environ 20 000$ et 60 000$). Si on excepte quelques pays, comme la Corée du Sud, il y a globalement malgré tout une certaine corrélation qui fait apparaître plusieurs groupes de pays. Les « natives » ont une e-intensité élevée sans pour autant disposer d'un fort PIB par tête. Les deux extrêmes de ce groupe sont la Corée du Sud et le Danemark, mais on y trouve aussi l'Islande, la Suède et le Royaume Uni. France et Allemagne sont très proches et font partie, avec la plupart des pays occidentaux et d'Etats comme Singapour, du groupe des « players ». La plupart des pays d'Europe centrale et orientale sont, quant à eux, dans un groupe de « nascent natives », au PIB encore faible mais à l'e-intensité déjà importante. Enfin, des pays comme la Chine et la Russie sont relégués dans les « Aspirants », encore faibles sur les deux tableaux.

Plus mobile et plus émergent

Selon le BCG toujours, le trafic Internet a évidemment prodigieusement augmenté et va continuer à le faire (de 30 à 966 Exa octet /an entre 2005 et 2015) mais ses caractéristiques changent. Entre 2005 et 2015, les utilisateurs d'Internet passent de 2/3 en Occident à 2/3 dans les pays émergents. D'un trafic quasi fixe en 2005, le trafic va devenir pratiquement aux trois quarts mobile en 2015.

D'ici 2016, le commerce en ligne devrait représenter entre 8 et 12% du commerce total avec des points pour certains pays à plus de 20% (comme la Grande-Bretagne). Cette évolution devrait avantager des petits sociétés très flexibles par rapport à des grands mastodontes de la « vieille économie ».

Mais les entreprises doivent s'adapter. Cela implique de multiplier les systèmes d'information et d'analyse sur tout l'environnement des entreprises (consommateurs, fournisseurs, partenaires, salariés...). Les entreprises doivent également multiplier les mécanismes de feed-back et demeurer flexibles à tous points de vue pour s'adapter à des environnements très mouvants. Et le tout sans négliger leurs fondamentaux.