Le réseau social Facebook va célébrer demain ses 10 ans. C'est le 4 février 2004 que Mark Zuckerberg a lancé « Thefacebook » avec ses condisciples d'Harvard, Dustin Moskovitz, Chris Hughes, Eduardo Saverin et Andrew McCollum. Le site, conçu comme un moyen de connecter les étudiants entre eux, leur proposait de se construire une identité en ligne. Il a depuis lors connu le développement que l'on connaît pour atteindre 1,2 milliard de membres, un septième de la population mondiale.

« C'était génial de disposer de ce service et de cette communauté dans l'école », a évoqué Mark Zuckerberg, la semaine dernière, à l'occasion de l'Open Compute Project Summit (consacré au projet lancé en 2011 par Facebook pour partager la conception des équipements utilisés dans les datacenters). Il ne s'attendait pas alors à l'ampleur que le réseau social allait prendre. Il lui était bien venu à l'esprit qu'un jour quelqu'un pourrait bâtir un site de ce type au niveau mondial, mais « je n'imaginais pas alors que ce pourrait être nous qui le ferions », a-t-il confié.

Une incursion dans les données personnelles

En dix ans, Facebook et l'activité économique qu'il génère a considérablement évolué. Les entreprises y ont ouvert des pages pour porter leur image et rallier des « fans ». C'est aussi, dans une certaine mesure, devenu l'un des outils de gestion de la réputation d'une marque, à l'instar d'autres médias sociaux. Certaines sociétés l'utilisent pour recruter et les interactions du réseau sont de plus en plus scrutées par les outils d'analyse des directions marketing qui cherche à mieux cerner les opinions de leurs clients et acheteurs potentiels. Mais Facebook est aussi très critiqué pour avoir entraîné l'exposition des données privées et des informations personnelles que ses membres ont parfois communiquées un peu légèrement. Les modifications régulières de ses paramètres ont conduit parfois à afficher des données qui auraient dû rester en cercle fermé.

La société Facebook est entrée en bourse en mai 2012. Les débuts furent un peu chaotiques, puisque l'introduction, très médiatisée, a pâti de problèmes techniques ayant affecté ce jour-là le système informatique du Nasdaq. Depuis l'été dernier, l'action grimpe. Elle cotait 61,08 dollars à la dernière clôture du Nasdaq le 31 janvier. Aujourd'hui, plusieurs milliards de mises à jour de statuts, de messages et d'autres contenus se sont affichés sur ses murs, informations que le réseau cherche maintenant à indexer dans son moteur Graph Search, non sans susciter, de nouveau, un certain nombre de réserves sur le respect des données personnelles. Beaucoup le juge trop intrusif puisqu'il doit permettre de répondre à des questions précises susceptibles d'affecter la protection de la vie privée. Le moteur a été activé en juillet aux Etats-Unis.

L'activité sur les mobiles a rattrapé son retard

Sur le marché mobile, en revanche, Facebook a été un peu lent à réagir. Au moment de son entrée en bourse, ce retard avait suscité un certain scepticisme chez les investisseurs sur la capacité du réseau social à monétiser ses services sur de plus petits écrans. Des inquiétudes qui n'ont pas été justifiées puisque la société a indiqué la semaine dernière que plus de la moitié de son chiffre d'affaires publicitaire venait de ses services mobiles. La société a réalisé 2,59 milliards de dollars sur son quatrième trimestre 2014 (+63% par rapport au 4ème trimestre 2012), avec un bénéfice de 523 millions de dollars, dépassant les prévisions des analystes. Sur l'année, il a généré 7,87 Md$ (+55%).

Facebook expérimente aussi de nouvelles façons de présenter ses contenus. La semaine dernière, il a présenté Paper, une app pour iPhone qui propose de nouveaux modes de partage de photos et d'articles. D'autres apps sont également prévues pour différentes tâches.

Internet.org pour étendre la couverture mondiale

Bien entendu, le réseau social essaie encore d'étendre sa couverture mondiale et prétend même réduire la fracture numérique à travers les continents. En août dernier, il a lancé à cet effet l'initiative Internet.org avec six autres membres fondateurs  (Ericsson, MediaTek, Nokia, Opera, Qualcomm et Samsung) pour relier à Internet les deux-tiers de la population mondiale. Mark Zuckerberg laisse entendre qu'il se sent un peu responsable d'agir sur ces questions. « Il n'y a pas tant d'entreprises dans le monde qui ont les ressources et les moyens de Facebook à ce niveau », a-t-il reconnu.

Pour célébrer sa dixième année, le réseau social a prévu de revenir sur la façon dont il a changé le monde au cours de la décennie écoulée et sur ce qu'il prévoit de faire sur la prochaine. En 2014, son fondateur franchira lui-même une autre étape. En mai, il fêtera ses 30 ans. 


Discussion entre Tim O'Reilly, fondateur d'O'Reilly Media, et Mark Zuckerberg, CEO de Facebook, sur l'Open Compute Project Summit, la semaine dernière au Convention Center de San José.