Le scientifique américain Ray Kurzweil, gourou du transhumanisme qui vient d'être embaucher par Google, croit ainsi qu'en 2045 l'homme aura augmenté son intelligence un milliard de fois, en fusionnant avec l'intelligence artificielle. Il espère aussi que l'homme pourra vivre jusqu'à 500 ans, grâce à différents corps virtuels. Chez les profanes, comme au sein même de la communauté scientifique, les réactions au possible développement de "post-humains" vont "de l'effroi à l'enthousiasme, en passant par l'anxiété ou le plus grand scepticisme", relève le Centre d'analyse stratégique (CAS) dans une note publiée mercredi. "Il y a des scientifiques qui voient le monde comme un immense Lego, un jeu génial où on peut jouer avec les petits morceaux (...). Il y en a d'autres pour qui le monde est un petit peu trop complexe pour qu'on joue comme ça", a analysé Pierre-Henri Gouyon, professeur au Muséum national d'Histoire naturelle, lors du colloque "De la science-fiction à la réalité". L'homme augmenté est-il encore de la science-fiction ? "La réponse est quand même plutôt oui", a estimé le directeur général du CAS, Vincent Chriqui.

De la SF à l'homme parfait

Pour autant, le CAS souligne que "les défis sociaux et les questions éthiques que ces technologies éventuelles poseraient sont nombreux et nécessitent qu'une réflexion collective soit menée très en amont". Il relève que si cette réflexion a déjà commencé, elle reste confinée "dans des cercles encore relativement étroits".

Très présente dans la littérature d'anticipation, la question de l'homme augmenté est abordée comme "un projet réaliste" depuis le début des années 2000, a rappelé Vincent Chriqui. Il repose sur la "convergence NBIC", l'exploitation conjointe et en synergie des avancées des nanotechnologies, biotechnologies, technologies de l'information et sciences cognitives. "A l'horizon de l'homme augmenté, il peut y avoir l'homme parfait", a relevé Jean-Michel Besnier, auteur de "Demain les post-humains : le futur a-t-il encore besoin de nous?".

Pour ce professeur de philosophie à l'université Paris-Sorbonne, la question qui se pose, c'est "que perdrions-nous si nous étions parfaits ?"