L'intersyndicale d'Alcatel Lucent a d'abord posé la question du Crédit impôt recherche, le CIR. Le candidat Hollande avait expliqué que trop de grands groupes en profitaient indument. C'est peut être exact, mais si l'on veut conserver une R&D en France, il faut que les grands industriels tricolores puissent encore bénéficier du CIR. C'est le raisonnement de l'intersyndicale d'Alcatel-Lucent qui compte une forte R&D en France. La suppression de l'accès au CIR pourrait le contraindre à déporter cette R&D en offshore. Selon François Schmets, délégué syndical central CFE-CGC d'Alcatel-Lucent France, Fleur Pellerin connait bien ce dossier et surtout estime avoir de bonnes chances d'aboutir.

Les sujets suivants touchent à l'environnement règlementaire. Et avant tout au rôle de l'Arcep, « il est indispensable de redéfinir les missions de l'Arcep et des autres régulateurs européens », note l'intersyndicale. Un sentiment semble-t-il partagé par les récentes instances ministérielles. Selon la loi le Ministère de tutelle et le régulateur doivent veiller à l'emploi, ce qui n'était plus fait par l'ancien ministre de l'industrie, ni par le régulateur, trop orientés sur la protection du consommateur, estime l'intersyndicale.  

Troisième sujet, directement lié au précédent, celui de l'attribution des fréquences de téléphonie mobile et de leur lien avec l'emploi. La CFE CGC avait attaqué au Conseil d'Etat le décret fixant l'attribution de la 4G, sur ce sujet de l'emploi. L'intersyndicale revient à la charge pour lier toute ouverture de fréquence à des créations d'emploi, ce qui semble être également l'avis de la ministre et de son ministre de tutelle.

Haro sur la concurrence chinoise

Le quatrième point fait appel à la législation européenne. L'intersyndicale s'en prend de manière virulente à la concurrence chinoise : « Les équipementiers Chinois pratiquent une concurrence déloyale en Europe basée sur un dumping tous azimuts : économique, social et environnemental. La Commission Européenne doit prendre des mesures pour protéger les équipementiers européens, mais elle doit le faire intelligemment, afin de nous éviter des mesures de rétorsion sur le marché Chinois. Contrairement à ce que certains avancent, ce n'est pas mission impossible : les USA ont bien réussi à interdire l'accès à leur marché aux équipementiers Chinois en mettant en avant des impératifs de sécurité et il n'y a pas eu de mesure de rétorsion sur le marché Chinois d'Alcatel-Lucent, équipementier franco-américain. » 

L'intersyndicale aborde le sujet sous l'angle de la sécurité nationale, en s'appuyant sur le récent rapport Bockel. Néanmoins, la ministre s'est montrée prudente, comme ce dossier remonte à l'échelon européen, toute solution prendra du temps.

Enfin, l'intersyndicale a soulevé un cinquième sujet, celui du vieillissement des effectifs dans les télécoms en France. Du fait des suppressions de postes, des non remplacements, de la fin des embauches, le secteur prend de l'âge. En cinq ans, c'est un tiers des effectifs d'Alcatel Lucent en France, qui a disparu, le groupe comptait 12 500 collaborateurs en 2009, contre 9 000 actuellement. Et ce, avant le prochain plan, dont on ne connaît pas la répartition géographique.

La suggestion de l'intersyndicale revient à étendre le contrat nouvelle génération aux grands groupes comme Alcatel Lucent. Fleur Pellerin s'est montrée très intéressée par cette proposition.

(*) le jeudi suivant, Arnaud Montebourg et Fleur Pellerin recevaient Philippe Camus, président du groupe Alcatel-Lucent, en particulier sur la question du CIR. Ce lundi, 10 septembre, Alcatel-Lucent annonce une réorganisation mondiale par métier, sans donner de détails sur le plan de licenciements, 5 000 salariés d'ici fin 2013.