En 18 ans d'existence, le baromètre des fusions acquisitions dans l'IT en France n'avait encore jamais été aussi haut. Créée par le cabinet APM, cette étude évalue à 146 le nombre de rapprochements et des rachats réalisés en 2014, soit 15% de mieux qu'en 2013. Surtout, elle montre que le volume de chiffre d'affaires qui a ainsi changé de mains a atteint 4,83 Md€ (+132%). Le précédent record datait de 2003 avec 3,73 Md€.

« 2014 constitue une nouvelle illustration de la consolidation du secteur IT. Sur fond de globalisation et d'industrialisation, encouragé par la diminution des incertitudes macro-économiques, le mouvement a pris une ampleur très spectaculaire », indique Pierre-Yves Dargaud, président d'APM et auteur du Baromètre IT.

Quatre opérations qui concentrent 3,8 Md€ de chiffre d'affaires

Si l'année 2014 est à marquer d'une pierre blanche, c'est parce qu'elle a vu le retour des mégadeals. A elles seules, l'OPE de Sopra sur Steria et l'OPA d'Atos sur Bull ont entraîné la captation de 3 Md€ de revenus. Il faut y ajouter les rachats de Telindus (241 Md€) par SFR, celui de l'activité CRM de Cegedim (425 M€) par l'américain IMS Health et la reprise d'Asmodee (143 M€ de CA) par Eurazeo. Ces opérations majeures ont largement contrebalancé le recul de 21% des opérations de taille plus courante.

Elles ont aussi permis au segment des SSII de se montrer le plus dynamique avec 3,4 Md€ de chiffre d'affaires échangés, contre 309 M€ en 2013, pour 94 transactions (+34%). Du côté des éditeurs, les volumes de revenus se sont repliés (-21% à 1,4 Md€), comme le nombre de transactions, passé de 56 en 2013 à 52 l'année dernière. Du point de vue de la taille des entreprises rachetées, celles dont le chiffre d'affaires est inférieur à 7,5 M€ ont constitué 71% du nombre total de transactions. En revanche, elles n'ont représenté que 6% de la valeur du marché global des fusions acquisition dans l'IT en 2014, contre 89% pour leurs homologues ayant généré plus de 15 M€ de revenus.

Les acquisitions françaises à l'étranger progressent

Dans 84% des cas, les reprises d'entreprises relevées par le baromètre ont été réalisées par des sociétés françaises. Ces dernières ont ainsi capté 87% des volumes de facturations qui ont changé de mains en 2014, contre 66% en 2013. De leur côté, les entreprises étrangères ont réalisé 24 rachats, dont 11 sont à mettre au crédit de sociétés américaines pour un volume de chiffre d'affaires de 656 M€.

Les sociétés françaises ont elles aussi montré de l'ambition hors de leurs marché domestique. Elles ont racheté 41 entreprises (dont 29 SSII) à l'étranger, soit 8 de plus qu'en 2013. Ces opération de croissance externe leur ont permis de capter 1,42 Md€ de chiffre d'affaires dont 840 M€ sont issus de l'acquisition de Xerox ITO par Atos en décembre dernier. Dans 71% des cas, les rachats ont eu lieu dans la zone EMEA, notamment en Allemagne et au Royaume-Uni, puis en Amérique du Nord (22%).