Baptisé "Loon" - un raccourci de "balloon" (ballon en anglais), qui signifie aussi "dingue" - le projet de Google "a en effet l'air, à première vue, complètement fou!", a reconnu auprès de l'AFP l'Américain Richard DeVaul, un des directeurs du laboratoire GoogleX. Mais "Loon" repose aussi, selon lui, sur "des bases scientifiques solides" qui ont permis cette semaine d'établir avec succès de premières connexions au sol, en provenance d'une trentaine de ballons flottant à une vingtaine de kilomètres d'altitude au-dessus de la Nouvelle-Zélande.

"Nous travaillons au sol en partenariat avec un fournisseur de services Internet : des faisceaux de signaux sont envoyés vers le ballon, qui les renvoie vers le sol en direction d'antennes ou boîtiers (placés par exemple sur les toits de maisons). Le ballon a en quelque sorte une fonction de miroir" réfléchissant, explique M. DeVaul. L'électronique embarquée est alimentée en énergie par un panneau photovoltaïque.

Des ballons à 20 000 mètres d'altitude


Les débits proposés "sont équivalents à de la 3G, et chaque ballon (de quinze mètres de diamètre) permet une connexion sur 40 kilomètres autour de lui", précise le Français Johan Mathe, un des ingénieurs en charge du projet. La principale difficulté est de pouvoir contrôler la trajectoire des ballons pour éviter qu'ils ne soient ballottés au gré des vents, et de les positionner au-dessus des zones souhaitées. "Il y a plusieurs couches dans l'atmosphère : en fonction des vents et de leur force, on regarde les données météorologiques pour savoir à quelle altitude on doit placer le ballon pour qu'il aille dans telle direction", souligne M. Mathe.

Et aucun risque qu'un avion se retrouve nez-à-nez avec des ballons : ceux-ci évoluent "de façon très sécurisée, deux fois plus haut que les avions de ligne" (soit environ 20 000 mètres) et leur position est signalée aux autorités aériennes, précise Richard DeVaul.

Un anneau de ballons à l'étude

Après la Nouvelle-Zélande, l'idée est d'élargir l'expérimentation à des pays se trouvant également le long du 35e parallèle sud, comme l'Afrique du sud, l'Uruguay, l'Australie ou encore le Chili. "L'idée est d'avoir un 'anneau' de ballons sur cette même latitude afin de proposer une couverture continue : nous pensons que 300 ou 400 ballons pourraient être nécessaires pour cela", ajoute M. DeVaul. Mais le projet est encore à un stade "beaucoup trop expérimental pour déjà penser à une couverture de la planète entière!", s'exclame-t-il.

Google rappelle samedi que deux tiers de la population mondiale n'a "toujours pas accès à une connexion rapide et bon marché, et qu'il reste beaucoup de chemin à parcourir dans ce domaine".