Les ingénieurs de Google tentent tant bien que mal d'imposer le codec VP8 comme norme dans le projet WebRTC. Ce dernier a pour but de fournir un protocole de communication en temps réel pour le web. "Nous croyons que l'effort WebRTC représente une occasion sans précédent pour établir une nouvelle plateforme de communication en temps réel", a écrit Justin Uberti, chef de file de l'équipe technologique pour WebRTC chez Google. "Par conséquent, nous croyons que le seul codec vidéo à mettre en oeuvre dans WebRTC devrait être VP8 : la seule et unique solution Open Source qui soit viable" a-t-il poursuivi. Google avait en effet rendu Open Source le codec VP8, utilisé pour compresser et décompresser des flux vidéos, lors du rachat d'On2 en 2010.

Mis en place en 2011, le groupe de travail WebRTC a déjà commencé à créer une norme HTML5 ainsi qu'un framework Open Source qui l'accompagne pour l'exécution en temps réel des communications au sein d'Internet, tels que les appels téléphoniques, le partage de vidéo et le P2P. Aujourd'hui, ces services exigent des prestataires ou l'utilisation de solution commerciale; une situation à laquelle Google aimerait remédier. Pour la firme, la nécessité d'utiliser des technologies ouvertes dans cet effort est primordial car elle permettrait à quiconque d'utiliser la technologie sans approbation préalable. "Cette approche a de nombreuses fois fait des merveilles pour le web et nous espérons un résultat similaire avec WebRTC", confie Justin Uberti. "Compte tenu de la capacité à fournir une plateforme libre de droits sans compromis sur la qualité, nous ne voyons aucune raison d'inclure des codecs soumis à redevance", déclare-t-il. 

Les fournisseurs de mobiles préfèrent le codec H.264

Mais nombre de participants au projet ne partagent pas le même avis. Plusieurs représentant du fournisseur de mobile Ericsson ont en effet voté pour que le H.264 soit le codec de référence ou du moins que celui ci fasse parti des codecs obligatoires. H.264, la plupart du temps utilisé dans le MPEG-4, est utilisé par Apple, Microsoft, Adoble Flash et bien d'autres encore. Les fabricants de puces comme Intel et Texas Instruments ont intégré du code dans leurs processeurs pour accélérer le décodage H.264: un atout et une preuve de fiabilité qui pourrait expliquer le choix de la majorité des fournisseurs de mobiles. L'utilisation du codec H.264 exige cependant des développeurs le recours à plusieurs technologies soumises à licence. Un procédé dont Google et Mozilla ne veulent pas entendre parler. "Les codecs non libre de droits seraient un problème majeur pour Linux/BSD et d'autres projets Open Source", indique ainsi Mozilla dans un communiqué.

Lors de la O'Reilly Open Source Conference, tenue plus tôt ce mois-ci à Portland, Scott Davis, spécialiste HTML5 de la société de conseil Thirsty, a toutefois assuré que le web ne se contenterais jamais d'un seul codec. "Tout comme le web prend en charge une variété de formats d'image, tels que JPEG, GIF, et PNG, il accueillera plusieurs formats vidéo", a-t- il déclaré. Les concepteurs de sites web devront simplement ajouter quelques lignes supplémentaires à leur code afin de fournir le bon format en fonction du navigateur utilisé. "Vous écrivez votre code une fois et plus personne ne pense à ce sujet" !