Voilà un nouvel entrant - et pas des moindres - sur le marché des serveurs d'applications Java. Google a annoncé hier soir, pour le premier anniversaire de son serveur App Engine, un ensemble de nouvelles fonctions, dont le support de Java. L'ambition de Google est d'offrir une expérience de bout en bout pour les développeurs Java, puisque le déploiement dans le serveur d'applications hébergé de Google est directement pris en charge par un tout nouveau plug-in pour l'environnement de développement Eclipse, tandis que la création d'interfaces graphiques est assurée au travers de GWT (Google Web Toolkit, qui permet de développer en Java des interfaces Ajax, soit HTML et Javascript), dont la version 1.6 a été annoncée simultanément. Lors de l'annonce, Google a donné l'exemple de Google Moderator, utilisé récemment par la Maison Blanche, pour un dialogue en ligne avec les internautes. Moderator tourne sur Google App Engine, tandis que son interface est développée en GWT. Il s'agit d'une solution, explique Google, qui a été créée en interne afin d'organiser des séances de questions/réponses avec une vingtaine de participants. Déployée sur le Web, sur App Engine, pour la Maison Blanche, elle a supporté des millions d'utilisateurs, et des pics de plusieurs centaines de requêtes par seconde. Toutes les questions d'infrastructure et de montée en charge étant gérées par Google. Pour Didier Girard, directeur technique et opérationnel de la SSII Sfeir, qui teste le produit depuis plusieurs mois, il s'agit d'une avancée considérable. « Il n'y avait aucune solution permettant de développer en Java une application et de la déployer sur Internet. On pouvait le faire en PHP, ou en .Net avec Azure, mais pas en Java. Il fallait passer par le cloud Amazon, ou par un hébergeur, alors que là, il suffit de déclarer le projet dans Eclipse, et le déploiement est automatique, et gratuit jusqu'à 5 millions de pages vues par mois. » Traitements batch et import/export des données au menu En outre, Google a fait en sorte que son offre s'adapte mieux aux contraintes des entreprises. Le 'Cron service' donnera ainsi la possibilité de prévoir des traitements batch, comme de la consolidation de données en fin de journée, ou l'envoi de courriels automatisé. L'éditeur propose aussi d'importer ses données - et dans un futur proche de les exporter. Cela répond à un reproche classique adressé aux offres de cloud, qui représentent un nouveau risque d'enfermement pour les utilisateurs. De même, Google a fait en sorte, avec le SDC (Secure data connector), qu'on puisse conserver les données qu'on souhaite chez soi, derrière son pare-feu, pour des raisons de sécurité ou de contraintes réglementaires. L'ensemble de ce dispositif fait désormais de Google App Engine un concurrent sérieux de serveurs d'applications Java classiques, comme Tomcat. Toutefois, il ne s'agit pas non plus d'un serveur J2EE, comme le rappelle Didier Girard: « Il ne couvre pas 100% des fonctions en Java, il y a plusieurs limitations, on ne peut pas subdiviser en threads, par exemple. » Néanmoins, un App Engine supportant Java pourrait bouleverser l'équation économique des serveurs d'applications Java, qu'il s'agisse des logiciels commerciaux comme Weblogic ou Websphere, ou des Open Source comme Springsource ou Jboss, qui dans les deux cas impliquent de payer pour le support de l'infrastructure. Tout sera une question d'analyse des besoins. « Certes, considère Didier Girard, Google App Engine est plus un concurrent de Tomcat que de Websphere, mais comme la plupart des gens utilisent Websphere comme un Tomcat... »