L'Inspection Générale des Finances (IGF) et le Conseil Général de l'Economie, de l'Industrie, de l'Energie et des Technologies (CGEIET) viennent de publier un rapport sur le pilotage et l'audit des grands programmes informatiques de l'Etat.

Prenant acte de larges déficiences, ces organismes de contrôle, de conseil et d'audit de l'Etat préconisent une large refondation de la gouvernance de ces grands programmes. Le rapport plaide notamment pour un renforcement du rôle de la Disic (Direction interministérielle des systèmes d'information et de communication) pour en faire une véritable « DSI groupe » de l'Etat avec un pouvoir décisionnaire plus fort que les DSI ministérielles ou d'établissements publics.

Une transformation peu maîtrisée des processus

Ce rapport a été réalisé à la demande du premier ministre, la saisine datant du 26 août 2011. En effet, en France comme à l'étranger, « le taux d'échec des grands programmes informatiques est significatif dans la sphère publique comme dans le secteur public ». Une saine gestion des deniers publics suppose de réduire le taux d'échec, chaque échec étant fort coûteux.

Or un grand programme informatique n'est pas en premier lieu un projet technique. Le rapport souligne qu'il faut le voir comme un programme de transformation des organisations, des procédures et des métiers. En général, la transformation touche de nombreux services. Le secteur public est sujet, sur ce point, à une plus grande complexité que le privé lors de ces grands programmes.

Transformer suppose d'identifier l'existant ainsi que la cible avec précision. Cette double identification est déficiente dans le secteur public selon le rapport. De la même façon, le calcul d'une rentabilité des projets ou la simple vérification de l'alignement stratégique du système d'information sur la stratégie métier ne sont pas toujours réalisés.

Le rapport dénonce également le manque de respect des jalons et la dilution des responsabilités qui empêchent une maîtrise des projets.

Un sourcing inefficace

Enfin, les grands projets souffrent d'un manque de compétences dans la fonction publique sur le management de ce type de projets. Il en résulte une sous-traitance à outrance non-maîtrisée, sans définition des compétences requises pour la réalisation du projet, sans la vérification qu'elles soient ou non disponibles en interne et s'il est pertinent de les sous-traiter. Pour les rédacteurs du rapport, corriger ces dysfonctionnements implique de revoir la gouvernance des grands programmes informatiques de l'Etat.

Tout d'abord, cela devrait commencer par un renforcement de la Disic (Direction interministérielle des systèmes d'information et de communication). Devenant une véritable « DSI groupe » de l'Etat, elle devrait être le passage incontournable pour le pilotage d'un projet dès sa phase amont. Le pilotage serait également mené par un responsable métier précisément désigné.

Utiliser des méthodes plus agiles

L'une des difficultés des grands programmes reste le terrible effet tunnel. Pour éviter d'y entrer, le rapport préconise d'adopter une succession de cycles courts destinés à développer des modules.

Cette approche modulaire doit permettre à la fois de réduire la complexité et de livrer chaque module peu après sa commande avec une réception clairement formalisée. Au sein même de la conception de chaque module, le rapport préconise l'adoption d'une démarche itérative. Enfin, la non-dillution des responsabilités est maintes foie réclamée.

Une autre nécessité est l'amélioration des compétences des collaborateurs de l'Etat. Cette amélioration pourrait se faire via des échanges intensifiés avec le secteur privé, notamment au sein ou avec le Cigref (Club Informatique des Grandes Entreprises Françaises).