Jacques Attali, qui avait déjà fait part de ses objections au projet de loi Création et Internet, se manifeste à nouveau sur son blog et se range clairement du côté des artistes et des partisans de la licence globale. Ce faisant, il prend à contre-pied le discours de la majorité présidentielle selon laquelle les opposants à la loi dite Hadopi agiraient contre les artistes. A mots à peine couverts, Jacques Attali fustige le modèle économique daté auquel s'accrochent les acteurs de l'industrie culturelle et le législateur et, plus généralement, leur frilosité face aux évolutions technologiques. « Les changements techniques n'ont jamais été et ne sont pas des ennemis des artistes : ils ont permis d'inventer de nouvelles façons de créer et [...] de faire connaître leurs oeuvres. A chaque fois, il fut dit par des experts que tout cela conduirait au désastre pour les artistes. A chaque fois, ils ont su en tirer le meilleur, pour créer autrement et se faire mieux connaître. » Pour faire avancer le débat, le fondateur de Planet Finance, suggère l'organisation d'une table ronde réunissant artistes, producteurs, consommateurs et fournisseurs d'accès, et livre dix pistes de réflexion. Il propose ainsi de partir du postulat que « la gratuité d'un service pour le consommateur n'entraîne pas nécessairement la non rémunération du producteur du service » et que « le téléchargement gratuit n'est pas la même chose que la piraterie ». En expliquant que l'art obéit à d'autres lois économiques que les échanges commerciaux traditionnels, il condamne les principes qui ont guidé les rédacteurs du projet de loi Création et Internet. Les tenants du texte, à commencer par le Président de la République, n'ont en effet cessé d'assimiler le téléchargement illégal à du vol à l'étalage et les internautes à des voleurs. Jacques Attali précise, du reste, que « ceux qui téléchargent ou écoutent le plus en streaming sont ceux qui, ensuite, achètent le plus de CD ou de DVD ».