Voilà un certain temps que HP veut s'affranchir de sa dépendance vis-à-vis de la puce Itanium d'Intel. Celle-ci n'a jamais été largement adoptée et elle semble arrivée en fin de vie. HP a déjà développé des serveurs blades Xeon pour son système Integrity Superdome. Aujourd'hui le constructeur concentre ses efforts sur les serveurs Integrity NonStop, issus des fameux Tandem Himalaya. « Nous nous sommes engagés à porter tout l'environnement NonStop - applications, middleware et outils - sur x86 », a déclaré la semaine dernière dans une interview Randy Meyer, le vice-président et directeur général de la division serveurs Integrity d'HP. La firme de Palo Alto affirme que la version x86 sera « offerte en parallèle », et qu'il n'abandonnera pas Itanium. Récemment, l'entreprise californienne a commencé à vendre à ses clients NonStop les derniers processeurs Itanium 9500, connus sous le nom de Poulson. Des puces Itanium Kittson leur succèderont plus tard, comme l'a affirmé Randy Meyer. Cependant, plus tôt cette année, Intel a déclaré revoir ses projets à la baisse pour Kittson, en particulier, le fondeur ne prévoit plus de fabriquer ces puces selon le processus de gravure à 22 nanomètres, et les feuilles de route d'Intel et de HP ne comportent aucun engagement sur les futures puces Itanium. Comme pour son système Superdome, HP fait valoir à ses clients NonStop qu'ils peuvent, s'ils le souhaitent, continuer sous Itanium, au moins pour les prochaines années, mais ils peuvent tout aussi bien passer aux processeurs Intel Xeon.

Un portage complet sur les technologies x86

Lorsque le portage sera terminé, la plate-forme NonStop utilisera « des composants matériels 100 % standards », que ce soient les processeurs, le stockage et l'I/O, comme l'a déclaré Randy Meyer. Cela inclut le remplacement de l'interconnexion propriétaire ServerNet par InfiniBand. « Aujourd'hui, Infiniband offre du 40 Gbit/s  et le 100 Gbit/s arrive. ServerNet n'offrira pas ces vitesses sans qu'on lui consacre des investissements importants », a déclaré le vice-président et directeur général de la division serveurs Integrity d'HP. Le constructeur n'a pas précisé quand le portage serait achevé, mais Randy Meyer a indiqué que ce travail prendrait « plusieurs années ». HP fait déjà tourner dans ses laboratoires les premières versions de l'OS NonStop et une base de données SQL sur Xeon, « mais le projet est encore à un stade « alpha, voire pré-alpha ». « Nous ne sommes pas sur le point de livrer un produit prêt à l'emploi », a déclaré Randy Meyer. HP veut rassurer ses clients et éviter les défections chez les concurrents - comme Oracle - qui ne manquent pas de souligner l'impasse dans laquelle serait Itanium.

La plate-forme NonStop développée par Tandem Computers existe depuis plus de trois décennies et reçoit les faveurs des bourses, des banques et des assurances pour sa robustesse. Sa tolérance à la panne vient en partie de son architecture parallèle, où chaque instance de l'OS réside sur son propre processeur. Donc, si un processeur est défaillant, le système peut continuer à fonctionner. « Ce design élémentaire sera repris sur x86 »,  a expliqué Randy Meyer. « L'architecture n'est pas obsolète. Elle n'est pas liée à une technologie processeur ou à une technologie de stockage », a-t-il déclaré.

L'architecture x86 monte en puissance pour concurrencer Itanium

Mais reste à voir si HP est capable de construire une plate-forme aussi fiable avec du matériel standard et si les clients lui resteront fidèles au moment de la transition. Les ventes du groupe Business Critical Systems d'HP ont baissé, chutant de 26 % au dernier trimestre, en partie à cause de l'incertitude qui plane autour d'Itanium, mais aussi parce que le matériel x86, moins cher, est de plus en plus fiable et parvient à concurrencer les systèmes haut de gamme.

Selon Randy Meyer, les clients doivent faire confiance à HP. Ce n'est pas la première fois que la firme de Palo Alto procède à un portage de sa plateforme NonStop. C'est ce qu'avait déjà fait le constructeur en passant du design MIPS à IA64 Merced (Itanium aujourd'hui) après le rachat de Compaq en 1997. « Nous investissons sur la plateforme pour le long terme », a-t-il ajouté. Mais HP ne sera pas le seul à devoir porter son logiciel : de nombreux fournisseurs tiers devront recompiler leurs applications et leurs outils pour l'architecture x86, et les clients qui souhaitent conserver leurs applications actuelles, devront aussi les recompiler. Mais pour Randy Meyer, le défi n'est pas insurmontable. « Les systèmes seront compatibles avec le code source », a-t-il affirmé. « Au fur et à mesure du passage sous x86, vous compilerez pour cet environnement, donc les éditeurs de logiciels auront un code source commun qu'ils testeront pour différents environnements ». Reste que la performance risque de poser un problème comme c'est le cas pour tous les systèmes émulés.

Itanium Poulson quatre ou huit coeurs

Hier, HP a également annoncé la commercialisation de puces Intel Itanium Poulson pour ses systèmes NonStop BladeSystems NB56000c et NB56000c-cg. « Le processeur Poulson comporte huit coeurs, mais HP propose des variantes à quatre coeurs aux clients qui préfèrent répartir leurs charges de travail sur un plus grand nombre de processeurs pour des raisons de fiabilité », a expliqué Randy Meyer. « HP proposera au début de l'année prochaine des puces Poulson pour ses systèmes NonStop en rack d'entrée de gamme NS2100 et NS2200 », a-t-il annoncé. HP devrait donner plus de détails sur ses projets x86 lors de la conférence Discover qui se tiendra du 10 au 12 décembre à Barcelone.