Lors de la Morgan Stanley Technology, Media and Telecom Conference qui s’est tenue le 26 février dernier, Cathie Lesjak, directrice financière de HP Inc a déclaré que les premières imprimantes 3D du constructeur seraient livrées dans l’année. Le fournisseur avait déjà fait des annonces en 2014, mais il se prépare cette fois pour le grand lancement. Avec ses prochains modèles, il veut transformer la façon dont les produits sont fabriqués avec l'impression 3D. Dans le même temps, HP Inc accélère son plan de licenciements présenté en septembre dernier, juste avant la scission avec Hewlett Packard Enterprise. La semaine dernière, il a indiqué, lors d’une conférence réunissant des analystes, qu’environ 3 000 personnes allaient quitter la société d’ici la fin de cette année. Il avait au départ annoncé que les licenciements seraient répartis sur trois ans, dont 1 200 en 2016.

En revanche, pour son activité d’impression 3D, HP cherche à embaucher des experts en matériaux, des ingénieurs en mécanique, des managers et des commerciaux pour en faire la promotion. Le groupe californien a une riche histoire dans le secteur de l’impression et il met un pied sur un marché qui, au cours des derniers 20 ans et plus, a été surtout marqué par des problèmes technologiques et de compatibilité. HP veut rendre l'impression 3D plus rapide, moins chère et mieux adaptée aux besoins des entreprises. « Nous ne sommes vraiment pas intéressés par l’impression 3D grand public, nous ciblons essentiellement le secteur commercial », a déclaré Cathie Lesjak. La technologie offre plusieurs avantages pour les entreprises. Au lieu d'utiliser plusieurs machines pour fabriquer un produit, elles pourront utiliser une seule imprimante 3D pour fabriquer leurs pièces », a déclaré la directrice financière.

Imprimer des objets 3D à partir de mondes virtuels

Les entreprises pourront réduire leurs coûts de fabrication en réalisant des produits en interne. Parce qu’elles auront la possibilité d'imprimer des pièces à la demande, elles n’auront plus à prévoir de stocks excédentaires », a-t-elle encore expliqué. La NASA fabrique un moteur de fusée à l'aide d'une imprimante 3D, tandis que d’autres entreprises produisent des pièces automobiles et du matériel médical. HP veut fournir un ensemble complet d'outils qui permettent de donner vie aux objets 3D. Les utilisateurs peuvent créer et manipuler des objets 3D avec l’ordinateur desktop Sprout. HP veut aussi permettre aux utilisateurs d'imprimer des objets 3D à partir de mondes virtuels.

Le prochain modèle de HP est basé sur la technologie dite multi-jets qui associe un mode d'impression 3D classique avec de nouveaux matériaux et techniques. Le processus de production 3D implique de faire fondre le matériau avec un fluide éjecté de la tête d'impression. La chaleur sert à solidifier l'objet et un autre matériau est appliqué pour améliorer la finition. Le processus est répété plusieurs fois. L'imprimante 3D de HP pourra utiliser des encres et des matériaux de pointe. Elle fonctionnera également selon les règles de conception et les méthodes de production de précision, généralement en vigueur dans la fabrication des circuits intégrés. HP s’appuie sur sa technologie PageWide. Celle-ci utilise des encres spéciales pour accélérer l'impression des documents, et sera probablement élargie pour inclure une nouvelle encre et un autre matériel pour l'impression 3D.

Binder Jetting, fusion de l'encre et des colorants

L’engouement autour de l'impression 3D a atteint des sommets en 2014, avant de retomber sérieusement. Les cours des actions d’entreprises comme Stratasys - qui détient MakerBot - et 3D Systems ont chuté. Toutes ciblent le marché grand public. « Cette expérience récente a incité HP à se concentrer exclusivement sur le marché commercial », a déclaré Cathie Lesjak. De nombreuses entreprises d'impression 3D d'avant-garde comme Stratasys et 3D Systems ont été fondées à la fin des années 1980, mais leur activité a commencé à porter ses fruits dans les années 90 avec l’évolution de la technologie. Les imprimantes de HP utiliseront une technologie dite par « projection de liant » ou « Binder Jetting », où l'encre et le colorant fusionnent pour faire des objets. Cette technologie a été commercialisée dans les années 1990 par Z Corp., une entreprise finalement rachetée par 3D Systems.