On s’attendait depuis le début de l’été à une restructuration majeure de plus chez Hewlett Packard Enterprise. La réorganisation opérée fin juin parmi les cadres dirigeants et les rumeurs sur ses intentions de vendre sa division logicielle, voire de passer lui-même dans un fonds privé, en figuraient les prémices. Effectivement, HPE a décidé de se séparer des actifs logiciels qui ne constituent pas le cœur de son offre. Il les détache de son activité principale pour les fusionner avec l’éditeur britannique Micro Focus. Dans le cadre de cette transaction évaluée à 8,8 milliards de dollars, les actionnaires de HPE détiendront 50,1% du nouvel ensemble et HPE recevra 2,5 milliards de dollars en numéraire.

Au catalogue HPE, cette fusion avec Micro Focus concerne ses solutions de fourniture d’applications (ALM, virtualisation, test), le big data (Haven, dont Vertica et Autonomy), la sécurité d’entreprise (ArcSight), les outils d’intégration et de gouvernance et les logiciels de gestion des opérations (orchestration et automatisation du cloud, gestion du cycle de vie des API). Cette opération sur les logiciels s’apparente à ce que HPE a fait en mai dernier avec son activité services qu’il a vendue à CSC en créant avec ce dernier une entreprise distincte (dont le CA annuel est évalué à 26 Md$) la moitié du capital étant détenu par les actionnaires de HPE, l’autre par ceux de CSC. Du côté de Micro Focus, 3ème éditeur britannique, qui possède le portefeuille SUSE (avec Linux Enterprise Server et OpenStack Cloud), l'acquisition de Serena Software et de ses solutions d'ALM était venu enrichir son propre catalogue en mars dernier. En 2014, il avait déjà racheté Attachmate. Combinées, l’activité logicielle de HPE et celle de Micro Focus généreront un chiffre d’affaires annuel d’environ 4,5 Md$, incluant d’importants revenus récurrents, et elles réuniront au niveau mondial une force de vente de presque 4 000 personnes.

Se concentrer sur l'informatique hybride et sur l'IoT

En se délestant de son activité logiciels, HPE veut se concentrer sur ses objectifs dans l’informatique hybride pour construire la « prochaine génération d’infrastructure software defined » des datacenters de ses clients qui seront connectés aux environnements multi-clouds de demain. A cela s’ajoute la volonté d’occuper une place prépondérante à la périphérie des réseaux, sur les campus et à travers les applications IoT dans les décennies à venir, souligne dans un communiqué la firme dirigée par Meg Whitman. En juin, à Discover, HPE avait dans ce domaine présenté des systèmes convergés à base de serveurs Moonshot pour analyser en temps réel les données générées en bout de réseau par des systèmes industriels. Le poids du nouvel HPE correspond à un chiffre d’affaires annuel d’environ 28 milliards de dollars. En s’allégeant de ses logiciels, Hewlett Packard Enterprise cherche peut-être aussi à se rendre plus attractif pour une éventuelle reprise par un fonds d’investissement.

SUSE, Linux préféré de HP, et offres Openstack

En complément de l’entreprise créée en commun, HPE et Micro Focus prévoient un accord commercial qui fera de SUSE le partenaire Linux « préféré » de HPE et qui réunira la plateforme Helion Openstack de HPE avec les solutions Stackato et l’expertise Openstack de SUSE dans le cadre d’offres hybrides proposées aux clients de Hewlett Packard Enterprise.