Quand Mark Papermaster, un salarié d'IBM depuis 26 ans, décide de changer d'air et d'aller mettre ses compétences au service d'Apple, Big Blue voit rouge. A l'image de Microsoft, qui en 2005 s'était battu pour que Kai-Fu Lee ne parte pas travailler pour Google, IBM vient ainsi de poursuivre l'ex-vice président de sa division consacrée aux serveurs lames. Selon les termes de la plainte déposée par IBM, Mark Papermaster serait amené à succéder au père de l'iPod et à travailler auprès de Steve jobs, le patron d'Apple, afin de fournir « des conseils techniques et stratégiques sur différents sujets. » Or, estime le plaignant, l'apostat a connaissance « de secrets commerciaux hautement confidentiels » susceptibles de « nuire de façon irréparable » à IBM s'ils tombent dans les mains d'Apple. En filigrane, PowerPC contre PA Semi En 2006, Mark Papermaster avait rejoint 'l'Elite integration and value team', le cénacle réunissant les 300 cadres les plus importants d'IBM. A ce titre, il avait dû signer une clause de non concurrence lui interdisant de travailler pour un rival de Big Blue en cas de départ de l'entreprise. Surtout, le démissionnaire était fortement impliqué dans le développement des puces PowerPC, qui équipaient les serveurs d'Apple jusqu'en 2005. Quelques mois après qu'Apple a acheté PA Semi, un concepteur de processeurs basse consommation, IBM redoute que son ancien salarié ne rejoigne le groupe de Cupertino pour participer au développement de processeurs pour serveurs concurrençant ses propres produits. Dans sa plainte, IBM rappelle en outre que ses PowerPC et les puces de PA Semi sont également concurrents sur le terrain des processeurs pour consoles de jeu. Pour retenir le transfuge, IBM a vainement tenté la carte de la générosité en lui proposant « une augmentation substantielle » de sa rémunération ainsi qu'une année de salaire. Le lendemain de cette ultime main tendue, Mark Papermaster remettait sa démission.