Si la publication lundi 22 juin par l'Arcep de ses recommandations sur le câblage vertical des immeubles dans les zones denses représente une avancée significative, un certain nombre de points demeurent incertains. Ils concernent à la fois les conditions du déploiement dans les zones denses mais aussi les zones moins denses pour lesquelles l'Arcep n'a pas encore soumis de propositions. Ces points en suspens rendent donc toujours incertain un déploiement rapide du très haut débit, malgré les souhaits du régulateur. Si Iliad et SFR se sont félicités, lundi, des propositions de l'Autorité de régulation, France Télécom laisse toujours planer le doute sur ses intentions. L'opérateur historique s'est toujours dit opposé à la solution du multi fibrage dans les immeubles, estimant que la solution de la mono fibre était la meilleure. France Télécom évoque le surcoût de plusieurs réseaux montants Réagissant à l'annonce de l'Arcep, France Télécom indiquait ainsi qu'il allait étudier l'impact de cette décision sur ses plans d'investissement dans la fibre. Pour les opérateurs alternatifs, le choix de poser plusieurs réseaux montants ne change en réalité aucun élément de l'équation économique pour l'opérateur historique. A condition toutefois que ceux qui demandent la fibre surnuméraire (sous-entendu Iliad) déploient effectivement leurs réseaux. Ce point constitue le coeur de la discussion entre Iliad et France Télécom. Pour l'opérateur historique, équiper les immeubles de plusieurs réseaux montants (quatre selon les recommandations de l'Arcep) induirait un surcoût d'environ 40 %. Iliad calcule, lui, un surcoût inférieur à 10 %. L'Arcep semble avoir tranché en indiquant un surcoût de 5 %. En fait, France Télécom et Iliad ne prennent pas en compte les mêmes éléments pour calculer ce surcoût. France Télécom intègre tous les éléments d'installation jusqu'à l'équipement des foyers ; Iliad ne prend en compte que la pose des réseaux dans les cages d'escalier. Selon Jérémie Manigne, directeur de la division très haut débit de SFR, les opérateurs auraient en fait convenu de s'arrêter sur les paliers, d'où le surcoût de 5 % évoqué par l'Arcep. Le coût d'installation des prises dans les foyers seraient ainsi à la charge de l'opérateur choisi par chaque abonné. Un flou dans la définition des zones denses Pour faciliter le déploiement des réseaux en fibre optique, l'Arcep a défini trois zones, en fonction de la répartition de la population. Les zones très denses (celles concernées par les annonces faites lundi) concernent les très grandes agglomérations. Mais parmi ces dernières, les villes retenues sont celles où les immeubles de plus de 12 foyers représentent plus de 50 % du parc. Cette définition a abouti à retenir 20 agglomérations (de plus de 250 000 habitants), comprenant 148 communes et abritant 5,16 millions de foyers. Si l'Arcep s'est montré plus restrictif dans la définition qu'Iliad ou France Télécom (ces deux opérateurs proposaient une taille respective de 7 et 15 millions de foyers), SFR estime que la taille retenue pose problème. « Dans la liste, figurent des villes, comme Orléans, où il n'est pas possible de déployer des réseaux à des conditions économiques viables » explique Jérémie Manigne. L'Arcep a ainsi indiqué que sur les 5,16 millions de foyers compris dans cette zone, 3 millions étaient immédiatement concernés : sur ces 3 millions, 1,4 millions sont situés à Paris et le solde se répartit entre les plus grandes villes (essentiellement Lyon et Marseille). La crainte est donc de voir les opérateurs alternatifs couvrir rapidement ces trois villes, délaissant les autres communes. Si le déploiement des réseaux à très haut débit dans les zones très denses voit ses conditions s'éclaircir, SFR estime que la situation dans les zones moins denses pourrait s'améliorer très rapidement, si les pouvoirs publics acceptaient le plan mis au point avec Iliad. Les deux opérateurs ont envoyé une lettre en fin de semaine dernière à la secrétaire d'Etat à l'économie numérique et au président de l'Arcep, proposant la constitution d'un réseau unique partagé et financé par tous les opérateurs. Dans les zones moins denses, la réalisation de plusieurs réseaux « horizontaux » paraît en effet économiquement moins viable. D'où la proposition des deux opérateurs alternatifs pour éviter la constitution d'un monopole. Ce qui signifie aussi qu'un tel réseau soit construit sur une architecture point à point pour permettre son « dégroupage », ce qui pourrait poser des problèmes de génie civile.