"Nous avons besoin de faire pour la vidéo ce que nous avons fait pour les photos", a commenté le co-fondateur d'Instagram, Kevin Systrom, en présentant le nouveau service au siège de Facebook, à Menlo Park en Californie (ouest). Instagram Video permet de filmer et partager directement sur sa page Facebook, depuis un smartphone, des vidéos d'une durée maximale de 15 secondes, contre seulement 6 pour l'app Vine de Twitter.

"Quinze secondes de vidéo, c'est le bon équilibre entre pas trop court, qui limiterait votre créativité, et pas trop long, où vous vous retrouveriez à attendre longtemps pour télécharger quelque chose", a fait valoir M. Systrom. Il critiquait ainsi indirectement Vine, l'application vidéo lancée en début d'année par Twitter, qui permet des films de six secondes au maximum.

Amélioration de l'image


Un outil spécial a été développé en coopération avec des experts de la vidéo pour stabiliser l'image, un défaut souvent constaté sur les films tournés avec un téléphone. Et comme il le faisait déjà pour les photos, Instagram propose également d'ajouter des effets spéciaux à la vidéo, avec 13 filtres différents. Le service est immédiatement accessible aux 130 millions d'utilisateurs revendiqués par Instagram, et compatible avec l'iPhone d'Apple et avec les smartphones opérant avec Android, le système d'exploitation de Google.

Le marché de la vidéo mobile est en forte croissance. Rien qu'aux Etats-Unis, 63,7 millions de personnes ont regardé du contenu vidéo sur leur téléphone l'an dernier, et ils devraient être 74,4 millions cette année, selon des estimations du cabinet eMarketer. "Vu l'importance du mobile et de la vidéo pour Facebook, la perspective d'avoir des fonctions vidéo intégrées à Instagram n'est pas une surprise. Et vu la popularité du service Vine de Twitter, il est peut-être encore plus surprenant que Facebook n'ait pas introduit de la vidéo sur Instagram plus tôt", a commenté Eden Zoller, une analyste du cabinet de conseil Ovum. Facebook avait racheté Instagram l'an dernier, mais avait été en partie soupçonné alors de vouloir écarter ainsi un concurrent au succès jugé inquiétant.

Facebook emprunte ses idées à Twitter


"Depuis son acquisition d'Instagram en 2012, Facebook a donné l'impression qu'il ne savait pas quoi en faire" et n'avait jusqu'ici pas annoncé d'amélioration majeure du service, a relevé Eden Zoller. Elle prévient toutefois que "nouvelles fonctionnalités mises à part, Facebook a toujours besoin de trouver une stratégie pour monétiser Instagram, ce qu'il a échoué à faire jusqu'ici".

M. Systrom a indiqué jeudi que le service vidéo n'avait "pas été conçu avec la publicité à l'esprit". Mais "sur la durée, nous trouverons une solution pour la publicité", a-t-il ajouté. La vidéo n'est pas la première fonction que Facebook "emprunte" à Twitter. Il a ainsi commencé à introduire sur son propre réseau les mots-clés précédés d'un signe dièse ("hashtags") qui constituent l'une des marques de fabrique de son concurrent. Il s'est aussi mis à proposer la géolocalisation à ses membres, après le succès du service similaire de l'application Foursquare.

Jusqu'ici, "le modèle de +l'emprunt d'innovation+ a bien fonctionné pour Facebook", a commenté Nate Elliott, un analyste du cabinet Forrester. Il note que "cela maintient la fraîcheur de ses services", un élément essentiel pour éviter la lassitude de ses 1,1 milliard d'utilisateurs.