Comme l’a confirmé une porte-parole d'Intel, Intel met un terme au développement des puces Atom pour terminaux mobiles, nom de code Sofia et Broxton. Après la vente de son activité Xscale à Marvell en 2006, c’est le second désengagement du fondeur sur ce créneau. Suite à l’annonce de la suppression de 12 000 emplois, ce sont les premiers produits à tomber sous le coup de la restructuration décidée par le fondeur. C’est l'analyste Patrick Moorhead qui a annoncé le premier la nouvelle de l’arrêt immédiat du développement de ces puces dans un article publié sur le site web de Forbes. Les ressources consacrées jusque-là aux puces Broxton et Sofia seront réaffectées à « des produits offrant des rendements plus élevés qui vont le sens de notre stratégie », a déclaré la porte-parole d'Intel par courriel.

L’arrêt de ces puces laisse un trou béant dans la feuille de route du fondeur. Les puces pour smartphone et tablette produites par Intel commencent à dater et auraient besoin d’être mises à jour, mais cette annonce indique qu’il ne faut attendre aucun produit de remplacement. Intel a commencé la livraison de son processeur Sofia, mais celle de la puce Broxton, normalement prévue pour cette année, a été retardée. Intel arrête également sa gamme de puces Atom X5, nom de code Cherry Trail, qui seront remplacées par des puces Pentium et Celeron, nom de code Apollo Lake. Ces puces sont davantage destinées à des PC hybrides qu’à des tablettes. De nombreux fabricants de PC préfèrent déjà équiper leurs appareils hybrides et leurs tablettes PC de processeurs Skylake Core M d’Intel à la place des puces Cherry Trail.

ARM et ses licenciés dominent toujours le marché 

Le marché des tablettes en tant que tel, avec ses facteurs de forme qui évoluent peu, n’intéresse plus Intel. Mais « l’entreprise continuera à offrir un support aux tablettes actuelles équipées des puces existantes », a précisé la porte-parole d'Intel. Certains produits étaient en sursis après, la firme ayant déclaré que la restructuration remettrait aussi en question certains projets et certaines gammes de produits. Intel avait déjà commencé à lever le pied de son activité PC, autrefois très rentable, et depuis quelque temps, un retrait du marché mobile lui semblait la meilleure chose à faire. L’entreprise a dépensé des milliards de dollars pour soutenir son activité mobile, sans réussir à prendre le pas sur son rival et leader du marché, ARM (avec ses licenciés Qualcomm, Texas Instrument et même Apple). La puce Atom n’équipe qu’une poignée de smartphones, et le marché des tablettes est en chute. Les fabricants de PC remplacent les tablettes par des dispositifs amovibles et hybrides. Cela fait un certain temps que la gamme de produits Atom est en difficulté. Pourtant ce marché avait démarré très fort avec les netbooks, mais cette bonne fortune n’a pas duré. Intel ne s’est pas trop astreint non plus à livrer des mises à jour régulières de ses processeurs mobiles : le fondeur a livré ses dernières puces Atom pour serveurs en 2013.

Désormais, Intel a lié sa stratégie mobile à la norme 5G, et les ressources réservées jusque-là aux puces Sofia et Broxton pourraient être réaffectées à la fabrication de puces et de modems 5G. Les prochains réseaux 5G dont les premiers déploiements sont attendus pour 2018 pourraient être jusqu’à 100 fois plus rapides que les réseaux 4G. Le passage à la 5G devrait aussi avoir un impact sur la conception des terminaux. À part les appareils mobiles, la nouvelle norme va permettre d’équiper les PC, appareils domestiques intelligents, robots, drones, objets portables, et dispositifs industriels IoT d’une connectivité mobile rapide. Cette orientation 5G explique aussi le maintien par Intel de certains dirigeants clefs comme Aîcha Evans. Plus tôt ce mois-ci, il semblait qu’elle quitterait l'entreprise après une année passée à diriger l’activité de puces pour mobile. Mais c’est un expert en technologie 5G et elle a déjà tracé la stratégie de l'entreprise dans ce domaine. Elle restera donc chez Intel, même si son poste reste à définir.

Cap sur la 5G 

Ce recentrage sur le 5G est une stratégie à long terme pour Intel, comme ce fut le cas en 2003 avec la technologie sans fil Centrino qui a permis de généraliser et banaliser la connexion WiFi sur les ordinateurs portables. Cette orientation vers le 5G va également bien avec la culture d'Intel, qui préfère toujours centrer ses activités sur des technologies futures. La puce Atom pourrait avoir un avenir dans le marché de l’Internet des objets, un marché à croissance rapide sur lequel le fabricant de puces parie également. Des variantes de la puce Broxton pourraient être utilisées dans des gadgets intelligents et des capteurs qui recueillent des données télémétriques, envoyées ensuite vers le cloud pour analyse. Les autres terrains de prédilection d’Intel restent les puces serveurs Xeon, le cloud, les puces programmables FPGA et la photonique sur silicium.