Le 6 juin 2012 est une date majeure dans l'Internet, car elle marque le passage officiel de la Toile sur le standard IPv6.  Aujourd'hui, plus de 50 opérateurs dans le monde, ainsi que 2 500 sites web comme Google, YouTube, Facebook ou Yahoo, vont se mettre à niveau pour basculer complètement vers ce protocole. La journée mondiale de l'IPv6 est coordonnée par l'Internet Society (ISOC), qui milite pour le développement du standard qui doit rémedier à la pénurie d'adresses en IPv4. Cet organisme explique aux différents acteurs qu'il est temps de commencer à déployer IPv6 dans leurs réseaux. « Si vous étiez en attente de déployer IPv6, il n'y a aucune raison de continuer à attendre. Il y a des clients qui vont consulter votre site web via IPv6 en réel, il ne s'agit plus d'expérimentation », souligne Leslie Daigle, responsable de la technologie Internet au seine de l'ISOC.

Les opérateurs engagés dans cette action restent néanmoins mesurés sur la vitesse de déploiement. Ainsi, aux Etats-Unis, Comcast, AT&T, Verizon et Time Warner ont indiqué qu'au 6 juin, IPv6 serait disponible pour 1% de leurs abonnés. Ce chiffre peut apparaître faible mais Leslie Daigle avoue « 1% a été choisi comme une métrique car il s'agit d'une opération d'envergure. Il représente un engagement sérieux des opérateurs de fournir IPv6 ». Elle ajoute que « pour atteindre ce pourcentage, les opérateurs doivent avoir activé le protocole sur un nombre élevé de leur base client. Les abonnés ne disposent pas tous d'un routeur compatible ». D'autres acteurs comme Akamai ou Limelight, spécialiste du CDN participent à l'évènement. Les équipementiers réseaux Cisco, D-Link, NDM Systems et ZyXEL ont annoncé que leurs routeurs grands publics seraient par défaut compatible avec IPv6.

Un changement soumis à des pressions économiques
fortes

Créée en 1998 par l'Internet Engineering Task Force (IETF), IPv6 élargi l'offre d'adressage, mais n'est pas compatible avec IPv4. Ce dernier utilise des adresses 32-bits et peut prendre en charge 4,3 milliards d'appareils connectés directement à Internet, IPv6 utilise des adresses 128-bits et peut connecter un nombre pratiquement illimité de périphériques (2 à la puissance 128). Internet doit évoluer vers IPv6 car il y a pénurie d'adresses en IPv4, les derniers blocs d'adresses libres ont expiré en février 2011. La région Asie-Pacifique a été la première touchée en avril 2011, même si quelques adresses IPv4 ont été gardées en réserve pour des startups. En Europe et aux États-Unis, l'épuisement d'adresses IPv4 est attendu cet été.

Les opérateurs de réseau et les sites web ont deux choix sur IPv6 : Ils peuvent soit supporter les deux protocoles avec le mode dual-stack, ou convertir des adresses IPv4 en IPv6. Jusqu'à présent, la plupart des acteurs ont été réticents à faire les améliorations requises pour supporter l'IPv6, car le trafic était rare et les investissements réseaux onéreux.